Pour faire courber l’échine d’un peuple et faire de lui un troupeau servile et une meute de lèche-bottes afin de s’éterniser sur le trône et écarter tout danger de protestation et de revendication de la justice et des droits citoyens, la seule méthode efficace et de l’abrutir en l’éloignant de toutes les sources du savoir, d’érudition et des lettres.
« La lecture est l’aliment de l’esprit » disait Sénèque, le pouvoir en place est conscient de cela, c’est la raison pour laquelle, il s’est attaqué en premier à l’école et nous voyons le fruit de ce système éducatif que feu Boudiaf a qualifié « d’école sinistrée ». Et pour anéantir ceux qui sont sortis indemnes de cette boucherie qui charcute la la raison, les décideurs tiennent à lui boucher les horizons et lui fermer les yeux en le privant de cet aliment de l’esprit qui est la lecture par la répression en interdisant les cafés littéraires qui peuvent inciter les gens à la lecture, à l’ouverture d’esprit et à la raison.
La dernière victime de cette interdiction est le café littéraire d’Akfadou où devait animer une rencontre l’écrivain et l’éditeur Ramdane Achab.
Ce café littéraire dénonce et condamne énergiquement cette énième atteinte à nos libertés par les autorités par le biais de la déclaration ci-dessous.
La rédaction
Café Littéraire d’Akfadou
Déclaration
Pour un retour effectif au régime déclaratif
Dans le cadre de ses activités visant la promotion du livre, de la lecture, des auteurs, des espaces de débats, de réflexions et d’échanges libres et autonomes, le café Littéraire d’Akfadou vient de se voir interdire l’accès à la salle de la maison de jeunes de la commune, où devait se tenir une rencontre avec l’enseignant, auteur et éditeur Ramdane Achab.
Cette même salle reste pourtant grande ouverte et sans conditions à toutes les activités folkloriques, festives ou laudatrices du pouvoir.
Le régime liberticide en vigueur dans le pays depuis l’indépendance vient encore de frapper, à travers ses relais locaux, pour museler la parole et la réflexion libres.
Exiger des autorisations soumises au bon vouloir des autorités exécutives pour la tenue d’un café littéraire est le summum des aberrations. Une atteinte insoutenable à la liberté d’expression et de réflexion.
Les évènements d’Aokas de l’été 2017, suite à la répression féroce par les services de sécurité de la conférence que devait tenir le même Ramdane Achab, et la grande mobilisation qui s’en est suivie, couronnée par l’historique marche du livre, ont instauré pour un moment un retour au régime déclaratif pour la tenue des cafés littéraires.
Les autorités reviennent aujourd’hui à Akfadou sur les acquis d’Aokas.
Tout en dénonçant énergiquement cette énième atteinte à nos libertés par les autorités, nous en appelons aux militantes et militants, aux partis politiques, aux associations, à la société civile pour réagir et pour agir face à ce déni d’un droit élémentaire, celui de s’exprimer et d’exprimer des idées dans le cadre d’un café littéraire.
Il y va de notre dignité à tous, il y va de notre liberté à tous, il y va de la liberté.
Akfadou, le 10 novembre 2018
Le Café Littéraire d’Akfadou