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lundi 14 octobre 2024
DébatsPrésidentielle : Un échec programmé et annoncé

Présidentielle : Un échec programmé et annoncé

Abdelmadjid Tebboune demeure au palais d’El Mouradia pour cinq années supplémentaires. Ni son manque de légitimité, ni le très faible taux de participation à l’élection ne l’empêcheront d’assumer ses fonctions de chef de l’État, de légiférer par décrets, de nommer les hauts responsables, ou de procéder au remaniement des magistrats, ministres et cadres des services de sécurité, ainsi que d’autres institutions de l’État. Sur la scène internationale, le message semble avoir été bien compris, y compris par les États-Unis et les Émirats arabes unis. Dimanche, le pays de l’Oncle Sam a salué les résultats de la présidentielle en Algérie, ainsi que la victoire écrasante de Tebboune, tout en réaffirmant son intérêt pour les relations bilatérales et son désir de continuer à collaborer avec le président Abdelmadjid Tebboune afin de renforcer ces liens au cours de son second mandat. Cela montre que, malgré le faible taux de participation et le scandale lié aux irrégularités des chiffres et à la manipulation de l’opinion publique, le « gendarme du monde » a cautionné cette réélection. De nombreux chefs d’État ont également adressé leurs félicitations, y compris le président français Emmanuel Macron, mais surtout Mohammed Ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats arabes unis, qui, dans une démarche pragmatique de realpolitik, exprime son souhait de rencontrer Tebboune, probablement pour mettre fin à la crise diplomatique entre les deux pays et normaliser leurs relations.

Cependant, cette réélection ne signifie en rien que le scrutin a été une réussite. Loin de là ! Il s’agit d’un échec cuisant, et ce, depuis l’annonce de l’organisation d’une présidentielle anticipée. Pourquoi les décideurs ont-ils choisi d’avancer l’échéance de trois mois ? Personne ne semble avoir de réponse, et les autorités compétentes ont toujours refusé de s’exprimer sur la question. L’organisation de cette élection a donc été menée dans la précipitation, laissant beaucoup à désirer.

Dès le début, les difficultés ont émergé. De nombreux candidats potentiels ont dénoncé les obstacles et dysfonctionnements lors de la collecte des signatures de parrainage. Ni l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), ni l’administration en général, n’étaient préparées pour ce rendez-vous électoral. Beaucoup d’aspirants ont finalement abandonné, tandis que d’autres ont choisi de protester en déposant des dossiers incomplets, remplis de formulaires vierges.

La campagne électorale n’a guère été plus reluisante. Largement ignorée par la population, elle a peiné à attirer les foules lors des rassemblements. Sur les réseaux sociaux, véritables baromètres de la voix du peuple et de ses préoccupations, la campagne était quasiment inexistante. Seules les interventions absurdes et excentriques de Bengrina ont été partagées, commentées, et surtout tournées en dérision.

Les entorses aux règles de la part du président-candidat étaient multiples. Il a préféré utiliser les ressources de l’État — gouvernement, administration et hauts fonctionnaires — pour sa campagne, en leur octroyant des congés spéciaux plutôt que de les relever de leurs fonctions.

Le pire moment a sans doute été celui du scrutin lui-même, marqué par un rejet populaire massif. Ce fut une réponse cinglante à ceux qui affirmaient que Tebboune était le président le plus aimé de l’histoire de l’Algérie. La jeunesse avait donné son verdict bien avant le jour du vote. Lors d’un match au stade d’Oran, des dizaines de milliers de supporters ont scandé d’une seule voix : « Wallah ma nvoti, harraga fi boti » (je ne voterai pas, je partirai harraga dans une embarcation de fortune).

Puis arriva le jour J, le 7 septembre. Le pouvoir a reçu une véritable gifle. Les électeurs ont massivement boycotté ce que beaucoup considèrent comme une « mascarade électorale ». Le taux de participation était encore plus faible que les prévisions les plus pessimistes du système, forçant l’ANIE, dirigée par Chorfi, à recourir à des manœuvres désespérées pour tenter de maquiller cet échec en une prétendue réussite démocratique. Mais les Algériens n’ont pas été dupes face à cette manipulation des chiffres.

Cette énième atteinte à la crédibilité des élections a été aggravée par les revendications des candidats, et même du vainqueur. On aurait pu s’attendre à ce que des candidats battus contestent les résultats, mais voir des concurrents dénoncer une victoire qu’ils jugent malhonnête, tout en réclamant une révision à la hausse du taux de participation, relève du jamais vu !

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