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dimanche 22 décembre 2024
ActualitéNadia Matoub défend la mémoire du rebelle

Nadia Matoub défend la mémoire du rebelle

C’est sur sa page Facebook que Nadia Matoub, la veuve du rebelle a publié une déclaration par laquelle, elle accuse le pouvoir algérien de vouloir récupérer la mémoire du chanteur le plus aimé de tous les temps et de vouloir s’accaparer de sa demeure qui porte dans chacun de ses coins l’âme de celui qui a tout le temps combattu ce pouvoir qui reste toujours le même.

Nadia s’oppose catégoriquement au musée qui viendra de ceux qui refusent encore d’élucider l’assassinat de son époux. La rédaction.

Voici le texte de la déclaration:

Défendons la mémoire de Lounès Matoub

Lounès Matoub incarne l’esprit de liberté, celui de la résistance, de la chanson qui éveille. C’est cet esprit que le régime algérien a combattu et combat encore par la censure, la répression, l’injustice, l’humiliation qu’il fait subir aux populations, l’instrumentalisation de l’histoire et de la langue amazighe ; Lounès ne disait-il pas « Int-iyi isem Amaziɣ ma d tilelli s tegrawla ? » (Dites-moi si “Amazigh” ne signifie-t-il pas “Liberté par la révolution” ?). Mais voilà que ce système que Lounès a combattu de toutes ses forces, système d’hier qui demeure celui d’aujourd’hui, prétend vouloir préserver sa mémoire et son patrimoine artistique et culturel en finançant un musée qui va porter son nom. Il s’agit tout simplement d’une profanation et de la volonté de neutraliser le symbole qu’il incarne.

En tant que veuve de Matoub Lounès, je suis étonnée, encore une fois, d’apprendre, par la presse, l’existence d’un projet qui concerne mon époux. Par cette déclaration, je tiens à informer l’opinion publique de ma ferme opposition à ce projet qui aura comme conséquence de dénaturer ses biens matériels : le projet tel qu’il est annoncé par les autorités algériennes prévoit même « d’intégrer la maison familiale » dans l’édifice du musée. Sa demeure qui abrite ses souvenirs les plus précieux, à l’exemple de ses instruments de musique et des prix qui lui ont été décernés, doit rester tels qu’il les a laissées, reflet de sa vie et de son parcours.

Je refuse que la mémoire de Lounès soit souillée et que son combat soit perverti et instrumentalisé. Comment oser prétendre œuvrer pour la préservation de l’héritage culturel et artistique de Lounès lorsqu’on combat la liberté d’expression, l’une des valeurs pour lesquelles il a lutté.

Lounès s’est imposé comme le poète exemple de la mémoire fidèle. Notre mémoire est condition de notre conscience et du chemin à emprunter pour préserver le souvenir du symbole de la liberté et de la résistance. La mémoire de Lounès est le patrimoine de l’ensemble des Amazighs à qui il revient de la défendre. Réflexion, discernement et vigilance sont de rigueur dans notre action de mobilisation afin d’entretenir dignement son souvenir.

Nadia Matoub,
Paris, le 9 septembre 2018

 

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