Cette conviction fortement relayée à travers de nombreux titres de presse depuis le discours du général-major Ahmed Gaïd Salah le 2 avril dernier quand il a lu le communiqué de la position de l’armée poussant Bouteflika à la démission immédiate.
Le soir même de cette annonce, Bouteflika obtempère et démissionne. « J’ai confirmé à maintes fois qu’en ma qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile, je ne saurai me taire aujourd’hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation. Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, comme je le fut par le passé, et je m’engage devant Allah et devant la patrie et le peuple que je n’épargnerai aucun effort à cette fin, quoi qu’il m’en coûtera ».
Pour l’autre rive, le « deal » entre Gaïd Salah est le clan rapproché de Bouteflika saute aux yeux et traîne l’institution militaire dans son ensemble dans son sillage. L’objectif serait selon cette approche d’écarter Bouteflika dont le cas s’est avéré indéfendable et coopter quelqu’un du système durant les 90 jours de transition avec une équipe que le général-major a béni lui-même.
Pour de nombreux prétendus analystes, cette insurrection citoyenne des fleurs et des sourires cache un tonnerre dont l’étincelle est entre les mains de Gaïd Salah. Ces “sorties familiales” chaque vendredi s’apparentent selon eux à une relation paradoxale entre le peuple et son armée qui pourrait aboutir à une impasse qui va mal tourner dans peu de temps. Pourquoi ? Le peuple a exprimé vendredi dernier qu’il est en totale opposition avec la feuille de route de l’armée comme l’atteste leur dernier communiqué : « Le peuple a obtenu ce qu’il voulait lorsque le président de la République a présenté sa démission le soir du jour pour passer ensuite à la phase de transition.».
La réponse du mouvement populaire ne s’est pas fait attendre : « pas d’ancien du système pour conduire la transition » et la « mise en place d’institution ad hoc pour conduire la transition ».
Dans cet échange en pleine rue, rien n’échappe à ces analystes qui suivent les événements à la loupe. C’est pour cela d’ailleurs que nos concitoyens d’outre- mer ont averti les protestataires dont notamment les étudiants de certaines vidéos que France 24 s’apprête à diffuser montrant des jeunes qui courent derrière des policiers en fuite laissant derrière eux leur véhicule en flamme. Il s’agit en fait des images qui n’ont rien à voir avec le Hirak mais celles des protestations de 2001 en Kabylie.
Selon Maghreb Intelligence citant des sources sûres (01), les services secrets français ont déjà tracé le profil de ce vieux général « ombrageux, colérique et incontrôlable ». Il est donc capable de décréter un état d’urgence et de favoriser un affrontement, voire une guerre civile pour uniquement refroidir ses propres ardeurs. Le peu d’officiers qui le suivent rencontrent selon ce journal « un énorme obstacle : le refus des puissances étrangères de traiter avec eux !
En effet, nous avons appris de sources sûres que ni la France, ni encore moins l’Union Européenne, ni Washington n’ont accepté de voir en Gaïd Salah une alternative au 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Paris a exprimé ses vives inquiétudes très rapidement dès les premiers discours du vieux général. Des discours dans lesquels il a menacé directement les manifestants pacifiques. A Paris, Ahmed Gaïd Salah dispose de certains relais et des partisans qui ont tenté d’approcher des lobbyistes français ou des journalistes qui ont leurs entrées à l’Elysée »
Pour donner plus d’argumentation à son départ que tout le monde juge urgent, les réseaux sociaux ont partagé la diffusion d’un décret présidentiel qui définit dans son article 20 l’âge des officiers supérieurs de l’armée qui limite celui des généraux de corps d’armée à 64 ans et 42 ans de service. Message adressé directement à Gaid Salah pour lui signifier que s’il s’obstine à l’application stricte dans l’esprit et la lettre de la constitution alors qu’il applique les lois de la république à lui-même.
Par R.R.