La problématique de la formation professionnelle algérienne doit être située dans un triple contexte.
• En premier lieu, la situation économique et sociale du pays qui lui impose la double tâche d’accompagner le développement économique tout en lui assignant l’obligation de participer à la lutte contre le chômage, notamment celui des jeunes. La formation professionnelle (FP) est confrontée à cet égard à la difficulté de préparer les jeunes scolarisés aux qualifications requises par le monde économique en pleine mutation (privatisation, mondialisation) et à celle de faire évoluer les salariés en activité vers les nouvelles compétences requises.
Elle est également confrontée au problème des sans-qualifications et du chômage des jeunes (qui touche 70 % des jeunes, âgés de 16 à 19 ans, 50 % des jeunes de 20 à 24 ans). Il en ressort que la mission sociale imposée à la FP est une tâche immense et souvent en contradiction avec l’image de sélection par la réussite qu’elle veut donner.
• En deuxième lieu, l’effort global réalisé par le pays dans le domaine de l’éducation afin d’aider une population majoritairement jeune à acquérir un niveau d’éducation et de formation qui devra être de plus en plus adapté à l’ouverture du pays, à l’espace européen et international.
Actuellement, un algérien sur quatre est pris en charge par le système d’éducation et de formation qui absorbe le quart du budget de l’Etat et 7 % du PIB, situant ainsi
L’Algérie, comparativement aux autres pays, au-dessus de la moyenne d’investissement dans le système éducatif des pays de l’OCDE. Mais cet effort ne suffit que partiellement à contrevenir aux effets d’une croissance démographique qui est actuellement de 2 %.
• En troisième lieu, sa situation de sous-secteur d’un système global d’éducation principalement orienté vers la réussite académique et universitaire. La FP est associée à une image de préparation immédiate à des emplois de faible
niveau, de type ouvrier ou technicien, sans possibilité de mener vers des qualifications élevées et socialement reconnues, malgré la tentative de l’introduction par le ministre de l’époque Karim Younes en 2002, du baccalauréat professionnel qui était le premier signe d’une volonté du système de formation professionnelle à valoriser cette démarche. Malheureusement cette option est renvoyée au calendre grec, par son remplaçant qui n’est autre que El-Hadi Khaldi qui ne voyait pas l’utilité de cette initiative combien importante au yeux de toute la famille de la formation professionnelle . Aujourd’hui il est question sa reprise par l’actuel ministre de la formation et de l’enseignement professionnels.
Il reste à mettre la FP au diapason de la demande réelle de compétences exprimée par l’évolution économique et organisationnelle des entreprises et à éviter que les diplômes de sortie de la formation ne débouchent sur une impasse. Cette mise en perspective de la FP algérienne par rapport à la situation actuelle du pays montre que le problème du financement de cette formation , devra traiter la problématique de l’insertion des jeunes dans le monde du travail tout en garantissant aux entreprises des salariés susceptibles d’évoluer au rythme des mutations .
Slimane ALEM