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dimanche 1 juin 2025
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Ihsane El Kadi, le journaliste qui a refusé de se prosterner

Campagne nationale pour la libération de 228 prisonniers d’opinion.

Ihsane El Kadi est né le 27 avril 1959 à Tripoli, en Libye, où son père, Bachir El Kadi, a été impliqué dans le transport d’armes en Algérie au nom du Front national de libération (FLN) pendant la guerre de 1954-1962. La famille El Kadi est revenue à Alger et Ihsane a commencé à étudier l’économie à l’université d’Alger. Il était actif au sein du Groupe Communiste Révolutionnaire (GCR), un mouvement trotskiste clandestin fondé par des syndicalistes et des étudiants. En 1981, âgé de 22 ans, Ihsane a été arrêté à la suite de la répression du Printemps berbère et détenu pendant neuf mois à la prison d’El Harrach, où il est incarcéré 42 ans plus tard. Ihsane a commencé sa carrière de journaliste sportif à la station de radio publique Chaîne 3. Il a ensuite rejoint le personnel du quotidien Horizons, où il a été nommé représentant syndical au nom des travailleurs du journal. Dans les années 1990, il devient rédacteur en chef du quotidien La Tribune.

Durant cette période sanglante et répressive (années 90), il a défendu une ligne éditoriale professionnelle et exemplaire, une position trop difficile à maintenir. Cela l’a forcé à quitter le journal en 1996. Dès lors, Ihsane s’est lancé dans une longue carrière de journaliste freelance. En juillet 2007, il a contribué à la création du magazine financier international Les Afriques. Deux ans plus tard, il lance avec un groupe de journalistes algériens, Maghreb Émergent, un journal économique électronique, suivi de la web radio indépendante, Radio M. Ihsane El Kadi est une figure clé du paysage médiatique algérien, réputé pour son courage et son travail acharné. Pendant le Hirak, Radio M est devenu un forum où toutes les voix algériennes, y compris les marginalisées, étaient invitées à s’exprimer publiquement et librement. Radio M a produit des centaines d’émissions sur divers sujets, dont le Hirak, l’état de liberté et le potentiel démocratique de l’Algérie.

De 2020 à 2022, Ihsane El Kadi a subi une pression constante de la part des services de sécurité. On lui a demandé de réduire le ton de ses médias, articles et tweets. Ihsane a résisté et ne s’est pas penché. Dans la nuit du 24 décembre 2022, les agents de sécurité se sont rendus à son domicile et l’ont emmené à la caserne « Antar », un centre de renseignement notoire, où il a été arbitrairement détenu pendant cinq jours.

Le 29 décembre, Ihsane a été placé en garde à vue et accusé, entre autres, de « recevoir des fonds et des avantages étrangers » sans aucune preuve. En réalité, la transaction financière était une contribution de sa fille, qui vit à Londres et est actionnaire d’Interface Media. L’accusation a transformé cela en une accusation contre lui. En avril 2023, il a été condamné en première instance à cinq ans d’emprisonnement dont trois avec sursis. La peine a été portée en appel à sept ans (cinq ans ferme).

La Cour suprême a rejeté l’appel en octobre 2023, fermant la porte aux recours judiciaires. Le 27 avril 2024, Ihsane fêtera ses 65 ans à la prison d’El Harrach.

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