La confusion est totale. Le pouvoir de fait, ébranlé par la Révolution du Sourire a déjà concédé le départ de Bouteflika, mais l’ancien Régime est là. Il tente de contrôler et de contenir le soulèvement populaire en lui opposant une constitution caduque et non avenue. C’est dans ce cadre que Abdelkader Bensalah, interface formelle du système, entame des “consultations” en vue d’une “Conférence nationale”. Or tout le monde le constate, c’est l’armée qui détient le pouvoir. Cette amère réalité n’a pas varié depuis l’été 1962.
Le paradoxe de la situation est que M. Bensalah, chef de l’État intérimaire dans le cadre de la constitution de Bouteflika détient des pouvoirs qui le mettent en possibilité de donner de véritables gages au Peuple. IL peut publier les décrets d’application de l’Ordonnance 06-02 du 28 février 2006 (JO du 1er mars 2006) et ouvrir la voie à l’application de son article 20. Une telle mesure sortirait immédiatement l’armée di champ politique, la mettrait à l’abri des soubresauts de cet espace où elle n’aurait jamais dû s’immiscer. C’est une mesure qui ne réduirait pas la sanctuarisation de l’armée au seul départ, devenu impératif, de Gaïd Salah. Ce serait un véritable Saut qualitatif dans le sens de la modernisation de cet outil de défense de la Nation.
L’activation de l’ordonnance 06-02 et l’application immédiate de son article 20 ouvriraient la voie à des consultations nationales en vue de la constitution d’une présidence collégiale qui serait chargée de l’engagement d’une transition ordonnée de sortie du régime néo patrimonial actuel vers une véritable République démocratique et sociale.
C’est celui-là le premier pas que Bensalah doit accomplir.
Par M.Bakir