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jeudi 5 décembre 2024
A la uneFin de publication pour Radio M (Communiqué)

Fin de publication pour Radio M (Communiqué)

Après 11 années à se battre pour une information libre en Algérie, Radio M, média indépendant né en 2013, est contraint de cesser ses activités face à la répression et aux nouvelles lois liberticides du pouvoir. Malgré la résilience de son équipe, les conditions d’exercice sont devenues impossibles pour cette voix dissidente. C’est donc avec un profond regret, mais l’espoir d’un renouveau, que Radio M tire sa révérence.

« C’est avec le cœur lourd que nous, journalistes de Radio M, vous annonçons la cessation de publication de notre site web. Née en 2013 entre les murs d’une petite cuisine à Alger centre, Radio M est vite devenu un média incontournable pour les adeptes des débats libres et de l’information indépendante. 11 ans de combats. De luttes. De débats passionnés et passionnants. Mais 11 ans aussi d’espoir, enveloppé dans une ambition de développement constant et une ambition inébranlable d’être à l’écoute de toutes les mutations d’une société mosaïque, plurielle, multiple, riche, jeune, vivante et exigeante.  

Nous avons tenté d’en restituer les pulsations, toutes les pulsations, dans leur complexité, malgré toutes les difficultés, toutes les adversités, et elles étaient nombreuses. L’équipe de Radio M a résisté, tant qu’elle a pu. Nous avons traversé des courants froids et des tempêtes violentes, qui hélas ne semblent pas s’apaiser.

Le 13 juin 2024, la Cour d’appel d’Alger a confirmé la dissolution d’Interface Médias, entreprise éditrice de Radio M, la confiscation de tous ses biens saisis, et dix millions de dinars d’amende. Interface Médias a également été condamnée à dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) à hauteur d’un million de dinars.   En plus de ce lourd jugement, l’entrée en vigueur prochaine d’un nouvel arsenal juridique régissant les médias algériens rend notre activité impossible. Ces nouvelles lois plus liberticides pour les titres existants ou à venir représentent une menace encore plus forte pour un média qui a choisi de traiter de l’actualité nationale en toute objectivité et en promouvant la liberté d’opinion et la défense des libertés démocratiques.  

Depuis l’arrestation de son directeur de publication, Ihsane El Kadi, en décembre 2022 et de la saisie de tout le matériel de la radio et de la mise sous scellés de son siège, le titre a continué à exister malgré le harcèlement continu de ses journalistes par les autorités, la lourde condamnation de son directeur à sept ans de prison dont cinq fermes et les poursuites en justice de l’entreprise éditrice.  

La poursuite des activités du titre Radio M, devenu inaccessible sur le web en Algérie début 2023, s’est faite dans des conditions extrêmement difficiles. Une survie rendue possible grâce aux efforts d’une équipe de rédacteurs bénévole et totalement engagée à maintenir en vie une voix divergente dans un climat de forte répression de toutes les expressions médiatiques dont la ligne éditoriale ne répond pas aux normes édictées par le pouvoir. Nous avons voulu faire de Radio M l’émetteur de toutes les luttes : syndicales, politiques, économiques, culturelles et sociales.  

Ces luttes si essentielles à la vie et à la vitalité d’un pays. Le chemin parcouru en 18 mois est significatif des efforts fournis et honore les femmes et les hommes qui ont tant bien que mal maintenu un titre dont on pouvait penser qu’il allait disparaitre avec l’arrestation de son fondateur. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à une étape où nous considérons qu’il n’est plus possible de maintenir dans ces conditions la publication de Radio M et ce pour toutes les raisons évoquées.

Nous prenons la décision, la plus douloureuse qui soit pour l’équipe qui l’a vu naitre et fait vivre, de mettre fin à la publication de Radio M. Nous restons malgré tout optimistes pour une renaissance de la liberté d’expression, la libération d’Ihsane El Kadi et de tous les autres détenus d’opinions et un retour – l’avenir proche nous le dira- d’une presse indépendante en Algérie. »

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