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dimanche 22 décembre 2024
DébatsCe bateau qu’est l’Algérie

Ce bateau qu’est l’Algérie

Nous sommes tous embarqués dans ce bateau qu’est l’Algérie, vieux, jeunes, femmes, hommes, tous sans distinction de couleur, de race ou de religion. Il est clair que décrire cette multitude n’est pas chose aisée, sans tomber dans des schémas appelant à la division. Un bref rappel historique est nécessaire pour comprendre les enjeux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.

L’Afrique du Nord dans son ensemble est une place géostratégique, économique et politique, et ce, depuis la nuit des temps. Elle permet en même temps l’accès à l’Afrique et au Moyen-Orient de par son histoire millénaire avec cette partie du monde.

Depuis une éternité, notre chez nous a toujours été la cible des puissants du moment.

Les puissants du moment viennent piller vos richesses et vous imposent leurs cultures. Piller, ils réussissent, c’est un rapport de force en leur faveur qui ne déroge pas aux règles, mais imposer leur culture est une autre paire de manches. Ils ont pu imposer aux urbains leur langue et culture, mais jamais aux montagnards et villageois, qui ont su sauvegarder l’essentiel de leur culture ancestrale, et ce, durant des millénaires.

A travers toute l’Algérie, et l’Afrique du Nord en général, les montagnards ont sauvegardé leur langue et culture, ils ont toujours été des résistants. Cette résistance ancestrale place les berbérophones en tête du combat du peloton, de par leur expérience continue depuis la nuit des temps.

La Kabylie se distingue des autres régions berbérophones de par leur nombre. Plus on est nombreux, plus le combat se diversifie, plus la peur se dilue. Dans notre culture, toucher à un Kabyle, c’est toucher à toute la Kabylie.

La solidarité contre autrui est notre ciment, même si entre nous les guerres intestines font des ravages. Nous ne sommes pas meilleurs qui les autres Algériens, nous avons plus d’expérience, plus de ténacité et plus d’espoir pour une Algérie nouvelle démocratique, plurielle où les libertés tant individuelles que collectives ne soient pas un vain mot.

Aujourd’hui, le retard accumulé par les pénétrés des autres cultures se réduit et rattrape le peloton de tête avec des enjambées du chat botté.

En quelques mots, voilà l’évolution de la résistance en Afrique du Nord en général, et en Algérie en particulier.

Un enjeu majeur qu’est l’énergie, durant cette période incertaine, va engendrer des guerres et des tensions élevées entre les dominants du moment et leurs alliés, en l’occurrence les Etats-Unis, la Chine et la Russie. L’Algérie n’est qu’un enjeu parmi tant d’autres, mais néanmoins important dans l’équilibre des forces entre ces géants aux pieds d’argile.

Aux pieds d’argile, car pour les Etats-Unis et l’Europe, le capitalisme a atteint ses limites, tous leurs Etats vivent à crédit, économie d’endettement, les multinationales empochent les dividendes, créant ainsi, même chez eux, de grandes tensions sociales.

La Chine et la Russie, ayant un capitalisme d’Etat, où les libertés individuelles et collectives sont aux abonnés absents, se sont enfermées dans de doctrines dépassées. La réussite de notre révolution pacifique peut inciter leurs peuples à faire de même.

Voilà l’océan dans lequel vogue notre bateau, des récifs de part et d’autre et houleux à l’extrême, se tromper de manœuvre nous voue à des accidents irréparables.

Dans notre bateau, nous avons un commandant de bord, un équipage, une première classe, une seconde classe et ceux de la soute les plus nombreux, les laissés-pour-compte.

Le commandant de bord, vieux n’ayant aucune formation moderne, a atteint ce poste par ancienneté, de même pour l’équipage, avec infiltration par des mercenaires à tous les niveaux du bateau. Ils suivent tout, sont au courant de tout et interviennent partout sans règles, sinon celle du plus fort.

La première classe, par copinage et corruption de l’équipage et du commandant de bord, passe sa vie dans une aisance à faire peur aux maffias les plus redoutables du monde. On dit que la maffia algérienne est la plus redoutable au monde car elle a un Etat, et c’est peu dire.

La seconde classe se débrouille comme elle peut, certains vont devenir des sous-fifres de la première classe et exécuter la basse besogne de cette dernière. Ils forment les relais de cette maffia dans la société.

Au niveau de la soute, mon Dieu c’est une catastrophe. De la famine, de la maladie, la misère à son paroxysme. La révolte gronde, en sourdine d’abord, de tous les côtés du bateau. A tour de rôle, une fois l’avant, une fois l’arrière et l’équipage répond par la force, matant ça et là. La peur habitait les voyageurs du bateau.

A l’extérieur du bateau des sangsues se sont accrochées, envoyées par les autres bateaux de l’océan, pour piller notre carburant avec la bénédiction du commandant de bord et son équipage.

Et sans prévenir, les voyageurs de la soute et de la seconde classe, les laissés-pour-compte se soulèvent comme un seul homme. Le commandant de bord et l’équipage sont dépassés. Pas à pas, de petite victoire en petite victoire, la mutinerie s’agrandit et s’organise.

Le nouveau commandant de bord et son équipage, le même, tentent de reprendre le contrôle par des subterfuges grotesques, par la répression et l’intimidation, rien n’y fait, la peur a changé de camp.

Les voyageurs rament dans le sens contraire de la marche imposée par le commandant de bord, ils veulent ramener le bateau à quai pour entamer des réparations de fond pour permettre à notre bateau de voguer sans risque dans cet océan mondial incertain.

Le commandant de bord et son équipage mettent le cap vers les profondeurs de l’océan pour permettre aux autres bateaux de mieux piller nos richesses sans risque et sans contrôle et ainsi échapper à la vindicte des voyageurs en révolte.

Les sangsues accrochées à notre bateau tirent dans le même sens que le commandant de bord.

Dans les autres bateaux, la communauté algérienne tire dans le même sens que les voyageurs de notre bateau, en incitant les commandants de bord des autres bateaux à lâcher notre commandant de bord et son équipage. Ramener le bateau à quai est une question de survie de notre bateau.

Deux visions diamétralement opposées s’affrontent.

Celle du commandant de bord et son équipage, qui veulent juste colmater quelques brèches, sans garanties d’une réussite et sans la confiance des voyageurs. Le commandant de bord et son équipe considèrent que le bateau est leur propriété absolue et que les voyageurs n’ont pas leur mot à dire et doivent obéir et se taire, toutefois quelques pièces maîtresses commencent à se gripper (les magistrats).

Celle des voyageurs, plus sûre car avant de naviguer dans cet océan mondial incertain, on doit faire des réparations de fond, lui choisir un nouveau moteur plus sûr (une nouvelle Constitution), nettoyer le bateau de toutes les saletés accumulées depuis des années (le clientélisme, la corruption…) et renforcer la coque avec des matériaux capables de résister aux houles et récifs que nous serons menés à rencontrer dans cet océan mondial incertain (moderniser une armée républicaine).

La première veut s’imposer de force et tous les coups sont permis, arrestations, intimidations, et la seconde veut s’imposer sans violence, pacifiquement ; sûre de sa légitimité, elle avance inéluctablement vers la victoire.

Gloire à nos martyrs ! Vive l’Algérie plurielle !

Par Hamid Challal

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