Une gestion sécuritaire inadéquate lors d’un match de football

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Lors d’un match opposant le Mouloudia d’Alger à son adversaire tunisien, les forces de la gendarmerie sont intervenues dans le stade pour gérer une émeute dont les causes restent encore floues. Ce texte propose une réflexion et une analyse sur la gestion sécuritaire jugée excessive et inadaptée.

1) Groupement d’intervention rapide (GIR) : un choix inadapté pour l’encadrement d’un match

Les Groupements d’Intervention Rapide (GIR) de la gendarmerie sont formés pour des missions spécifiques, notamment des interventions en milieu criminel ou la gestion de troubles majeurs. Ce type de formation n’est pas adapté à un événement sportif comme un match de football, qui nécessite une approche de maintien de l’ordre axée sur la gestion de foules civiles. Des forces spécialisées, telles que les Compagnies Nationales de Sécurité (CNS), ou encore mieux, des stadiers, sont plus indiquées pour ce type de mission. Elles sont formées spécifiquement pour gérer les foules, les conflits potentiels entre supporters, et assurer le maintien de l’ordre dans un cadre festif.

2) Effectifs surdimensionnés : disproportion de l’encadrement

La présence d’un nombre excessif de forces de l’ordre ne peut être perçue autrement que comme une démonstration de force ou une provocation, exacerbant les tensions plutôt que de les apaiser. Une surévaluation des besoins en personnel engendre une perception négative de la part des supporters. L’évaluation des effectifs à mobiliser aurait dû être réalisée en fonction des risques réels et des particularités de l’événement, en tenant compte des habitudes des supporters, des enjeux du match et de l’historique des tensions éventuelles. Cependant, cette évaluation semblait obéir à une autre logique.

3) Volonté d’intimidation et musellement des supporters

La volonté manifeste de museler les supporters, en particulier ceux du Mouloudia, dont les chants et slogans véhiculent souvent des critiques sociales, soulève des questions importantes sur les intentions du pouvoir, tel qu’il s’est reconfiguré à la suite des élections du 7 septembre. Les stades de football sont des lieux où la jeunesse exprime son mécontentement face à des conditions de vie difficiles. Toute tentative de museler ces expressions est une attaque contre les libertés fondamentales.

Dans un contexte de fermeture politique, les supporters restent parmi les derniers capables d’exprimer les frustrations de la société dans son ensemble. La répression de ces chants vise à étouffer toute forme d’expression sociale, nourrissant un climat de défiance envers les autorités et risquant de conduire à des dérives violentes.

En conclusion

En résumé, l’utilisation des GIR, le surdimensionnement des effectifs et une approche répressive ne peuvent qu’exacerber les tensions. Si le régime était orienté vers le dialogue, la gestion des matchs de football, surtout lorsque les supporters expriment un mécontentement social, serait l’objet d’une approche plus nuancée, favorisant l’écoute et la prévention des conflits plutôt qu’une démonstration de force. Il est à crainte que l’épisode de Douera ne soit que le premier du genre. Espérons que la digue de la Silmiya tiendra et que c’est la société dans son ensemble qui répondra aux provocations de la Régence.

La rédaction

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