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vendredi 14 février 2025
A la uneUn jeune algérien tué par un policier en France : l’hypothèse du crime racial à privilégier

Un jeune algérien tué par un policier en France : l’hypothèse du crime racial à privilégier

Les dernières révélations sur l’assassinat de Amar Slimani, un jeune algérien originaire de Kabylie, 32 ans, en situation irrégulière et précaire, assassiné par un policier à Bobigny le 29 juin à 6h29, portent à croire que le mobile du crime serait racial.

L’hypothèse de la légitime défense avancée par le jeune policier de 27 ans ayant abattu Amar est mise à mal par les nouveaux éléments apportés à l’enquête.

L’autopsie révèle une exécution

En effet, l’autopsie du corps d’Amar témoigne d’un véritable acharnement de la part du policier qui a tiré avec son arme de service. Les sept coups de feu tirés et les six balles ayant touché Amar ne laissent pas de doute possible sur la volonté de tuer qui motivait le policier. En plus des balles logées dans le thorax de la victime, deux balles l’avaient atteintes au dos, ce qui montre clairement que la victime voulait prendre la fuite et n’était pas en position d’attaque pour constituer une menace et provoquer une légitime défense. La balle logée dans la tête de Amar laisse, quant à elle, croire à une exécution. Pis encore, le policier, qui n’était pas en service au moment des faits, a même pris deux photos de sa victime pendant qu’elle agonisait. Dans quel but ces photos ont-elles été prises ? L’enquête judiciaire n’a pas encore communiqué sur ce détail, mais sur les réseaux sociaux, les membres de la diaspora algérienne n’hésitent pas à parler d’un « trophée » que le tueur a voulu garder.

Appelé par sa grand-mère

Tout a commencé lorsque le policier, affecté à la direction de l’ordre public et de la circulation, a reçu un coup de fil de sa grand-mère qui affirmait avoir entendu du bruit dans le jardin de son domicile. Son petit-fils, qui n’était pas en service à ce moment-là, s’est rendu sur place avec son arme de service. Amar, en situation de précarité en France, squattait depuis quelques jours une dépendance, située à côté de la maison de la vieille dame, sans l’avoir dérangé à aucun moment. Il se faisait tellement discret qu’elle ne s’était rendu compte de sa présence que plusieurs jours après son arrivée. Ce qui prouve que Amar ne constituait aucune menace pour la vie de la vieille dame, ni même pour ses biens. Le policier a, d’abord, alerté ses collègues et leur a demandé d’intervenir pour interpeller le jeune algérien qu’il maintenait. Ce qui montre que Amar avait été maitrisé par le policier. Quelques minutes plus tard, il a rappelé ses collègues pour leur a expliqué avoir abattu Amar avec son arme de service. « Le suspect était devenu agressif », selon ses propos, ce qui l’aurait poussé à utiliser son arme « en situation de légitime défense ».

Nécessité de dépaysement de l’enquête

Le policier a été traduit devant le parquet de Bobigny et mis en examen pour « meurtre sans circonstance aggravante ». La circonstance aggravante de racisme n’a donc pas été retenue. Le tueur n’a également pas été jugé en tant que « personne dépositaire de l’autorité publique » car il était en civil au moment des faits.

Initialement, le policier devait être placé sous contrôle judiciaire, mais le juge des libertés et de la détention (JLD) a été saisi par le Juge d’instruction chargé du dossier. Le mis en cause a donc été finalement incarcéré car il serait « choquant » et « troublant pour l’ordre public » qu’une personne « qui a tué dans des circonstances pareilles soit en liberté », avait confié un magistrat à Le Parisien.

Selon Me Yassine Bouzrou, un dépaysement de l’enquête est nécessaire, compte tenu de la proximité affiché par le procureur de la République, Eric Mathais, avec les policiers. En effet, M. Mathais n’hésite pas à afficher sur les réseaux sociaux sa proximité avec les policiers et estime que « quelle que soit l’infraction commise, un policier ne peut pas aller en prison ». « C’est un magistrat qui n’a pas la distance nécessaire avec les policiers. Je pense qu’il n’a jamais requis de placement en détention pour un policier de sa carrière », estime Me Bouzrou, qui demande un dépaysement de l’enquête. Surtout que le procureur n’a pas requis le placement sous mandat de dépôt du policier assassin. Seule la crainte d’émeutes semblable à celles provoquées par l’assassinat en 2023 du jeune Nahel a, semble-t-il, motivé la décision du parquet d’écrouer un tueur avéré.

La famille Slimani réclame justice

Cette décision de placer le policier sous contrôle judiciaire et les raisons retenues par les magistrats du parquet de Bobigny semble être un remake de l’affaire Nahel. En effet, malgré la pression de la rue après le meurtre du jeune Nahel par la police, un seul « flic » a été placé en détention préventive avant d’être remis en liberté (sous contrôle judiciaire) moins de 5 mois plus tard, car les « risques à l’ordre public étaient moindres qu’aux moments des faits ». La justice a même autorisé le policier et sa famille a bénéficié d’une cagnotte de 1,6 million d’euros, récoltée par différents groupuscules racistes en soutien au policier qui a exécuté l’adolescent d’origine algérienne. Une mascarade judiciaire qui ne dit pas son nom !

La famille d’Amar souhaite justement éviter un remake de cette affaire et exige que justice soit rendue pour leur fils et frère. « La France est un pays de droit, c’est ce qu’on nous dit à propos de la France. Nous demandons justice pour mon frère », a indiqué sa sœur à Berbère Télévision. Les membres de sa famille affirment qu’Amar est une personne « sans histoires ». Selon la mère d’Amar, ce dernier a déjà travaillé pour la grand-mère du policier pendant trois jours. « Mon frère vit en France depuis quatre ans. Il a eu quelques moments difficiles, mais il n’a pas toujours été un squatteur », a confié encore sa sœur.

Montée du racisme en France

Me Bouzrou insiste sur le caractère raciste du crime, notamment compte tenu des termes employés par le meurtrier pour qualifier la victime durant ses auditions devant les enquêteurs. La France fait face à une période tumultueuse marquée par une montée inquiétante de l’extrême droite politique. Cette montée est accompagnée d’une normalisation et d’une banalisation sans précédent des discours haineux et racistes, qui ont alimenté une atmosphère de méfiance et de division au sein de la société française. Dans ce climat tendu, les incidents de violence raciste ou présumée, tels que celui-ci, ne font que renforcer les inquiétudes quant à la sécurité des minorités.

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