Le journaliste vedette de la chaine Dzair TV, Mourad Atmimou, animateur de la très populaire émission Tizi n Wass-a, dont la diffusion demeure depuis des mois, suspendue pour des raisons floues, nous parle dans cet entretien sur la situation de la presse en Algérie à l’occasion de sa journée nationale.
Entretien
A l’occasion de la journée nationale de la presse, quelle analyse faites-vous du paysage médiatique en Algérie ?
Après un très long et dur combat mené par des journalistes et des militants sincères durant plusieurs décennies pour arracher mordicus, des acquis précieux entre autres : l’ouverture du champ médiatique, la liberté d’expression, la dépénalisation du délit de presse. Nombreux sont nos confrères qui ont payé de leurs vies, leur engagement durant les années du terrorisme. Ce sont des acquis précieux que nous devons sauvegarder.
Aujourd’hui, nous sommes devant un nouveau défi, le chemin est tracé, on doit poursuivre le parcours pour arracher plus de liberté d’expression. Cependant, ces dernières années, on remarque un net recul dans l’exercice de cette liberté dans les médias. Il n’y a plus de véritable volonté pour préserver ce qui a été acquis. C’est la raison pour laquelle on assiste à des arrestations arbitraires de journalistes, des intimidations, de l’harcèlement sans que personne ne réagisse pour condamner fermement, ou pour que la corporation s’organise pour faire cesser ces pratiques.
Informer semble être l’unique mission des journalistes de nos jours. Commenter, critiquer, innover, participer à la solution sont de moins en mois du domaine, pourquoi selon vous ?
En Algérie, il n’y a pas de journalistes proprement dit, on a des salariés de la presse, il existe de multiples entraves qui empêchent le journaliste d’accomplir convenablement sa mission, et des fois même celle d’informer. Le pouvoir de l’argent, les pressions des annonceurs, les enjeux politiques sont tous des ennemis de la liberté de la presse, et du journaliste.
Peut-on espérer à une presse libre et indépendante en Algérie ?
Oui certainement ! Mais il faut attendre le jour, où des gens du domaine se réapproprient les entreprises de presse, les radios les télévisions, et même les journaux. Ce jour là, on se réjouira d’avoir une liberté d’expression en Algérie et une presse de qualité.
Entretien réalisé par Djaffar Ouigra
Source , jeune Observateur.com