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mardi 30 avril 2024
LittératureLa saoudienne Rana Ahmad : "Il m'a fallu un an pour admettre que j'étais athée"

La saoudienne Rana Ahmad : « Il m’a fallu un an pour admettre que j’étais athée »

La jeune femme de 32 ans raconte sa fuite d’Arabie saoudite et sa reconstruction, dans la crainte, en Allemagne. « Je sais que mon frère a fait le projet de venir me tuer ».

Pour sa liberté, Rana Ahmad a décidé de fuir son pays, l’Arabie saoudite, et sa religion, l’islam. Aujourd’hui âgée de 32 ans, la native de Ryiad relate son histoire dans un ouvrage, Ici, les femmes ne rêvent pas : Histoire d’une évasion (Editions Globe). Elle y raconte notamment qu’un jour, alors qu’elle est adolescente, son grand-père lui arrache son vélo pour lui imposer de porter la burqa. « C’est à partir de là que je deviens différente », confie-t-elle.

« J’essayais de trouver quelque chose qui donne raison à ma religion. » Cet événement lui a fait ressentir de « la souffrance ». « J’ai l’impression de ne pas être vivante. Je me sens comme morte. » Par la suite, Rana Ahmad est mariée de force. Son mari refuse qu’elle fasse des études, son beau-père tente d’abuser d’elle sexuellement, elle en parle et personne ne la croit. Elle décide finalement de divorcer et lorsqu’elle se retrouve seule, elle tombe sur un compte Twitter qui lui fait douter de sa religion et la pousse à partir.

« J’essayais de trouver quelque chose qui donne raison à ma religion », se souvient-elle. Finalement, en lisant « des choses sur les droits des femmes » ou « la manière dont vivaient les êtres humains dans d’autres pays », elle a « réalisé qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans (sa) religion et (sa) société ».

« Mon frère a fait le projet de venir me tuer en Allemagne. » Cette prise de conscience a été « extrêmement difficile » pour elle. « J’ai beaucoup pleuré, j’ai beaucoup lu parce que je voulais découvrir la vérité le plus vite possible. » « Il m’a fallu un an pour admettre que j’étais athée et que je ne croyais plus en Allah ni en d’autres dieux », au terme d’un long processus.

Elle a finalement rejoint l’Allemagne, où elle se trouve encore aujourd’hui. Pourtant, elle ne se sent pas totalement en sécurité : « Je me dis toujours qu’un jour, je risque d’être blessée ou tuée parce que je m’exprime en public. Je sais que mon frère a fait le projet de venir me tuer en Allemagne. »

« En tant que femmes, (…) nous pouvons être nous-mêmes. » « Avant de mourir, je veux dire pour toutes les femmes, dans tous les pays, que l’on peut changer nos vies. Nous sommes fortes en tant que femmes et nous pouvons faire quelque chose de fantastique avec nos vies. Nous pouvons être nous-mêmes », affirme Rana Ahmad.

Grégoire Duhourcau

Source : Europe 1

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