Si les relations franco-algériennes étaient une série télé, elles porteraient probablement le titre « Les Ennemis intimes ». Et à chaque épisode, la question de la justice et de la diplomatie reviendrait, avec des rebondissements dignes des meilleurs feuilletons dramatiques.
Entre réconciliation et rancune, les deux pays semblent jouer à un jeu d’équilibriste entre l’Histoire et le présent, entre l’affaire de la justice et les intérêts diplomatiques. Car, entre une guerre qui ne finit jamais et des accords économiques pas toujours francs, les relations entre la France et l’Algérie, depuis 1962, n’ont jamais été une simple affaire de « bisous et pardons ».
Commençons par la justice. Ah, la justice ! En France, elle aime se draper dans son indépendance et se croire à l’abri de tout soupçon. Le Conseil supérieur de la magistrature veille sur elle comme un chien de garde. Mais, entre nous, elle sait bien que certaines affaires peuvent avoir un petit goût politique – après tout, qui n’aime pas qu’un dossier tombe au bon moment pour l’un ou l’autre camp politique ?
En Algérie, la justice, elle, n’est pas exactement la même star. L’indépendance judiciaire y est encore une promesse non tenue. Loin des jugements impartiaux, elle semble être parfois au service des puissants, comme si le pouvoir était une prolongation du tribunal. Et que dire des procès politiques ? Un simple petit détour par le tribunal suffit parfois à se retrouver derrière les barreaux. Alors, bien sûr, la justice se veut indépendante, mais les deux pays savent qu’il y a des dossiers qu’on préfère parfois ne pas rouvrir. La guerre d’Algérie ? Restons discrets, un peu de silence vaut mieux que de chercher à rouvrir les plaies, non ?
Côté diplomatie, c’est la même chanson. En 1962, la France a perdu une colonie, l’Algérie a gagné une guerre d’indépendance, mais aucun des deux pays ne semble avoir fait véritablement le deuil de cette époque.
Après tout, qui aime dire « pardon » quand le prix est aussi élevé ? La France, bien qu’ayant jeté quelques fleurs de réconciliation, préfère parfois jouer sur le registre de l’oubli sélectif. Si l’Algérie se souvient des exactions coloniales, la France se rappelle surtout des harkis. Et quand Emmanuel Macron va en Algérie, la poignée de main est aussi glacée qu’un verre de pastis sous un soleil d’Alger. D’un côté, on cherche à tourner la page, de l’autre, l’Histoire vous rattrape comme un mauvais souvenir. Peut-on vraiment parler de diplomatie sans penser à la mémoire collective ? Pas sûr.
Et puis, il y a les intérêts économiques. Ah, l’argent ! L’Algérie, riche en gaz et pétrole, est un partenaire précieux pour la France. Mais ne soyons pas naïfs : derrière les accords commerciaux, il y a toujours cette question subtile : jusqu’où peut-on échanger quand les mémoires s’affrontent ? Le gaz, l’énergie, les contrats d’infrastructure… c’est le commerce qui fait la paix, mais il y a toujours cette petite tension en arrière-plan, comme un fil invisible qu’on essaie de masquer sous des sourires diplomatiques.
Dans le Sahel, les deux pays collaborent, mais toujours avec des regards furtifs et des réserves. La France et l’Algérie, partenaires dans la lutte contre le terrorisme, mais rivaux dans la gestion de la stabilité régionale. Que ce soit pour défendre leur propre frontière ou leur influence, chacun sait qu’ils jouent une partie de poker où les jetons sont lourds, et les enjeux, immenses.
Au final, ce que la France et l’Algérie partagent, ce n’est ni l’amour ni la réconciliation pure, mais une série de compromis diplomatiques et de silences judicieux. Quand on a partagé un passé aussi tumultueux, il est peut-être plus facile de jouer à un jeu d’apparences plutôt que de confronter la vérité en face. Entre intérêts économiques, sécuritaires et mémoires contrastées, les relations franco-algériennes, depuis 1962, sont un véritable théâtre où chaque acteur joue son rôle : la justice cherche son indépendance, la diplomatie joue aux équilibristes, et les souvenirs demeurent un fardeau trop lourd à porter ensemble.
Mais après tout, n’est-ce pas là l’essence même de la politique internationale : jouer à cache-cache avec la vérité, l’histoire et la justice, tout en faisant semblant d’avancer ?
La chronique se termine sur un constat qui, bien que cynique, reflète la réalité des relations franco-algériennes. Entre justice et diplomatie, les deux pays naviguent sur des eaux troubles où le passé colonial et les souvenirs de la guerre d’Algérie sont omniprésents. Ces relations ne se construisent ni sur la réconciliation totale ni sur l’oubli, mais plutôt sur une série de compromis et de jeux d’apparence. Les intérêts économiques, notamment dans l’énergie et la sécurité régionale, pèsent lourd dans la balance, mais ces intérêts ne parviennent pas toujours à masquer les tensions historiques et les divergences profondes.
Ainsi, les relations entre la France et l’Algérie, de 1962 à 2025, ne sont pas un conte de réconciliation : elles sont une danse entre l’ombre du passé et les nécessités du présent. Dans ce jeu diplomatique où les enjeux sont multiples, le mot « paix » reste un peu illusoire, tandis que les sourires diplomatiques cachent bien des non-dits.
Dr A. Boumezrag