C’est un signe d’apaisement dans les tensions entre Alger et Paris, et c’est le président algérien Abdelmadjid Tebboune qui a fait le premier pas en déclarant : « mon unique point de repère, c’est le président Macron », une déclaration faite durant une longue interview accordée à la télévision nationale algérienne, le samedi 22 mars.

Les autorités françaises ont salué cette volonté du président algérien de renouer des liens.

Respecter les canaux officiels : à savoir des échanges directs entre présidents et sinon déléguer uniquement aux ministres des Affaires étrangères. Si Abdelmadjid Tebboune a tendu la main, propose à Paris de sortir de la crise diplomatique en cours, c’est en respectant les codes que le chef de l’État algérien souhaite le faire.

« Je dirais trois mots pour ne pas tomber dans ce brouhaha, ce capharnaüm politique là-bas. Nous, on garde comme point de repère, et l’unique point de repère, pour moi, c’est le président Macron. Nous travaillons ensemble. Il y a eu, c’est vrai, un moment d’incompréhension, mais il reste le Président de la République française. Tous les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue, à juste titre, dans ses prérogatives, à savoir le ministre des Affaires étrangères. Ces deux États indépendants – une puissance européenne, une puissance africaine – les deux présidents travaillent ensemble, c’est tout. Tout le reste ne nous concerne pas », a déclaré le président algérien.

Sans le citer, Abdelmadjid Tebboune vise directement le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dimanche 23 mars, en expliquant qu’il n’y a aucune tension entre les ministres sur l’Algérie, et qu’il y a une vision commune partagée avec Emmanuel Macron, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a salué la déclaration du président algérien.

« Vous ne pouvez pas trouver de solution avec l’Algérie si vous ne parlez pas à l’Algérie. Il faut donc sortir de cette affaire par le dialogue. Moi, j’ai entendu que le président Tebboune avait fait un petit signe vis-à-vis d’Emmanuel Macron. C’est très bien. Voilà une façon de renouer le dialogue et d’échanger sur les sujets qui sont les sujets sensibles entre les deux présidents. C’est un bon signal », a déclaré, pour sa part, la porte-parole du gouvernement français.

Recherche commune de l’apaisement, reste que les conflits entre Alger et Paris sont multiples, complexes et que cette crise diplomatique est jugée comme la plus grave, depuis l’indépendance de l’Algérie, par de nombreux observateurs.

« Des enjeux communs imposent aux deux pays de dépasser les tensions »

Joint par RFI, Brahim Oumansour, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, le respect mutuel entre les deux pays et le retour à des canaux diplomatiques de haut niveau sont essentiels.  

« Il y a un signe, en tout cas, d’ouverture vers le dialogue et un appel, surtout, à discuter, à traiter cette crise que je considère la plus grave entre les deux pays via les canaux diplomatiques. Je crois que c’est cela, peut-être, la condition qui a été fixée par le président algérien pour éviter le pire, éviter une rupture qui n’est pas souhaitable des deux côtés de la Méditerranée, dans un environnement très instable et marqué par des tensions entre Alger et Rabat, l’instabilité au Sahel et il y a aussi des enjeux sécuritaires au niveau de la Méditerranée, trafic de drogue, terrorisme… Tous ces enjeux communs imposent, aux deux pays, de maintenir une coopération, de dépasser les tensions. Tous ces différents sujets imposent bien évidemment à ces deux États de poursuivre le dialogue avec le respect mutuel. »

RFI

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