Sous ce titre alambiqué se cache en réalité un projet de loi pour le moins inquiétant. Face aux propos obscènes de plus en plus fréquents dans les rues du pays, la commission des affaires juridiques de l’Assemblée algérienne veut sévir. Mais l’arsenal répressif n’est-il pas disproportionné ?
De nouvelles infractions floues verraient donc le jour : toute “atteinte à la pudeur” ou “parole portant atteinte à la morale publique” serait punissable de plusieurs mois d’emprisonnement. Au motif de rétablir la décence dans l’espace public, les députés usent ainsi de formules élastiques qui ouvrent la porte à tous les excès.
Car où fixer les limites de ce qui heurte ou non la morale commune ? Suffira-t-il de critiquer les autorités de manière véhémente pour être taxé d’outrage public à la pudeur ? Voilà qui fait craindre une grave entrave à la liberté d’expression, au motif de préserver la tranquillité publique.
Certes les débordements verbaux devaient être contenus. Mais fallait-il pour autant donner à l’État les moyens de sa propre censure ? Cette initiative législative témoigne surtout du durcissement autoritaire d’un régime qui, à l’approche des élections, redoute par-dessus tout le débat public et la contestation populaire sous toutes leurs formes.
Kamel AIDOUNE