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vendredi 22 novembre 2024
ActualitéLe sens politique d'une présidentielle anticipée (Contribution)

Le sens politique d’une présidentielle anticipée (Contribution)

La décision du chef de l’État, A. Tebboune d’écourter son mandat de quelques mois est intrigante à plus d’un titre, notamment que nous ne sommes pas dans le secret des dieux. Un non-sens du point de vue extérieur, car il aurait pu terminer son mandat et ne pas appeler à des élections anticipées pour le 07 septembre 2024.

Nous n’avons pas de boule de cristal, mais telles que les choses se présentent, A. Tebboune ne sera pas candidat. Déjà il y a quelques semaines, des rumeurs disaient que ces élections présidentielles seraient reportées et il y a eu d’autres rumeurs qui disaient qu’une partie influente de l’appareil de l’État n’est pas en faveur d’un deuxième mandat de A. Tebboune. Là, on en est au stade des rumeurs politiques.

Décider d’écourter un mandat est alors de ce point de vue l’expression d’exacerbation des conflits et des contradictions au sein du sommet du régime algérien, car écourter son mandat à 4 mois de la tenue des élections est un non-sens.

Quelle est la nature de ces conflits ? Je ne pense pas qu’elle soit d’ordre purement politique, car un consensus existe sur la nature autoritaire de l’Algérie post-Hirak populaire. Ils sont aussi d’accord sur le caractère libéral de l’économie nationale. Mais une chose est sûre, le régime sous la direction formelle d’A. Tebboune, apparemment, ne fait pas consensus sur les grands équilibres au sein du bloc social au pouvoir.

L’actuel président, en quatre ans, a été incapable d’impulser une dynamique politique interne pour renouveler la base sociale du régime comme l’ont fait Bouteflika, Zeroual et Boudiaf avant lui. Ou sommes-nous dans un scénario de velléité d’autonomie relative de Tebboune ? Car pendant le mandat de Tebboune, tout le personnel politique gouvernemental et ses alliés partisans se sont effacés de la scène politico-médiatique.

La décision d’organiser des élections le 07 septembre 2024 est aussi intrigante. Car les futurs candidats sont dans l’obligation de collecter les signatures et de faire campagne en pleine période estivale et de grandes chaleurs insupportables. Dans un pays connu par ses traditions de boycott et de non-participation aux élections, le choix de cette saison pour organiser des élections n’est pas vraiment le bon sens. Comme si l’on faisait en sorte que personne ne participe.

Pour le moment, le sens qui se dégage du choix de la campagne de collecte de signatures et de la campagne électorale, c’est-à-dire en plein été qui s’annonce déjà très chaud, s’apparente à une volonté de plus de fermeture du jeu politique à l’occasion de ces présidentielles. La fermeture ne concerne pas uniquement l’opposition fragilisée, mais aussi les partis alliés au régime. Ils ne veulent pas reproduire le scénario du 12/12/2019, avec un Mihoubi (RND) qui a failli être président et la direction du FLN qui n’a pas soutenu Tebboune.

Fermer le jeu au profit d’un candidat issu du régime et incapable de s’autonomiser à l’avenir. Le choix du nom du candidat est-il déjà prêt ? On ne sait pas pour le moment. L’été algérien s’annonce déjà doublement chaud et le peuple doublement en vacances.

Par Samir Larabi

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