Les élections municipales qui se sont tenues hier dimanche en Turquie ont été marquées par une large victoire de l’opposition, constituant une sévère défaite pour le parti au pouvoir AKP (Parti de la justice et du développement) du président Recep Tayyip Erdogan.
Après le dépouillement de près de 99% des suffrages à l’échelle nationale, les résultats confirment que l’AKP, formation islamo-conservatrice qui gouverne le pays depuis 2002, a essuyé sa pire débâcle électorale en deux décennies. La proclamation des résultats définitifs est attendue ce lundi.
Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple), formation sociale-démocrate, a revendiqué des victoires retentissantes dans les deux principales métropoles du pays, Istanbul et Ankara. A Istanbul, la réélection très populaire d’Ekrem Imamoglu à la mairie est perçue par de nombreux observateurs comme un tremplin vers une éventuelle candidature à la présidentielle de 2028.
Au-delà de ces deux places fortes, le CHP a également remporté de nombreuses autres grandes villes telles que Bursa, Antalya ou encore Izmir son fief historique. Le parti semble avoir réalisé une percée spectaculaire en Anatolie, prenant la tête dans plusieurs chefs-lieux de province traditionnellement acquis à l’AKP.
Face à cette déroute, le président Erdogan a reconnu « un tournant » pour son camp, tout en promettant de « respecter la décision de la nation ». Il a écarté l’hypothèse d’élections législatives anticipées, évoquant les « quatre années de travail à ne pas gaspiller » d’ici 2028.
Le chef de l’Etat turc avait pourtant multiplié les meetings et bénéficié d’un temps d’antenne illimité sur les médias publics pendant la campagne, contrairement à ses adversaires. Mais son engagement total n’a pas suffi à contrer la vague d’opposition.
Si l’AKP conserve des bastions comme Konya ou la région de la mer Noire, le parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) s’est lui assuré une confortable avance dans le Sud-Est à population kurde majoritaire, remportant notamment Diyarbakir.
La Rédaction/Agences