Peut-on remplacer un régime autoritaire par des moyens démocratiques ?
Que peut-on attendre des élections présidentielles de 2019 en Algérie ?
Depuis l’instauration du multipartisme, en 1989, toutes les élections y compris les présidentielles, ont toujours été un moyen de pérennisation du régime dont les pouvoirs autoritaires usent et abusent pour un semblant de démocratie ou l’élite politique du pouvoir avec la complicité d’une certaine élite de l’opposition qui considère les élections comme l’essence même de la démocratie.
Le pouvoir a toujours utilisé la ruse et la force quand les circonstances l’imposent, comme l’arrêt des élections de 1992 lorsque les extrémistes du FIS les ont remportées, sachant qu’il aurait fait de même si c’était un autre parti de l’opposition démocratique.
Le pouvoir n’a pas hésité un instant à assassiner Mohamed Boudiaf l’historique révolutionnaire en juin 1992 quand celui-ci a commencé à acquérir une légitimité populaire et à s’attaquer à la corruption qui constitue un des fondements du régime algérien.
Bouteflika est imposé par l’armée pour appliquer les accords conclus entre le DRS et les émirs terroristes et pour protéger certains généraux des éventuelles poursuites judiciaires par les institutions juridiques internationales, suite aux exactions durant les années du terrorisme. Les décideurs ont vu en lui l’homme qui pourra pérenniser le régime le plus longtemps possible et défendre les intérêts de la classe régnante. Une mission qui l’a bien réussi jusqu’à ce jour.
Pour mieux réussir sa mission, Bouteflika a réduit les espaces d’expressions en muselant les moyens d’information et en réduisant les espaces d’expressions des partis d’opposition en utilisant l’argent du pétrole pour amadouer certains responsables politiques de l’opposition. La hausse du prix du pétrole lui a été une aubaine qui lui a permet d’enrichir les siens et de créer autour de lui une oligarchie qui l’a bien servie et qui lui sert à protéger son règne. Il a utilisé toutes les institutions de l’État au profit de sa personne et de son règne. La police pour matraquer les opposants, la justice pour les mettre en prison en épargnant les corrompus et les voleurs. L’administration pour attribuer des privilèges aux proches et amis du régime et aussi falsifier les élections au profit des candidats du régime. Le peuple algérien est pris en otage par une mafia qui ne cédera jamais le pouvoir par les moyens démocratiques, car tout changement peut lui être fatal et elle fera tout pour le préserver. Le changement ne viendra que par l’union des forces de l’opposition autour d’un projet de transition qui doit être élaboré par l’élite de la mouvance démocratique et en mobilisant le peuple pour un changement pacifique en exploitant l’échec fatal du régime à construire une économie de production malgré les grands moyens notamment financiers dont dispose le pays et que la corruption a vaporisés. Toute participation à ses élections même avec un seul candidat de l’opposition n’arrangera que le régime qui a tous les moyens pour les falsifier. En outre, aucun régime autoritaire n’est tombé par les élections. La transition ne viendra qu’avec la construction d’un mouvement qui pourra imposer un changement à ce régime et qui doit être conduit par une élite politique intègre et clairvoyante.
Mamart Arezki