La loi adoptée mardi par le Parlement algérien, établissant un fonds étatique pour les impayés de pensions alimentaires, suscite des questions sur sa faisabilité concrète. En théorie, permettre à l’État de se substituer financièrement aux mauvais payeurs marque une avancée sociale majeure. Mais sa mise en pratique efficace n’est pas acquise.
Certes, ce texte novateur acte le « rôle social » de l’Algérie dans la protection des membres vulnérables de la société, femmes divorcées et enfants gardés. Il étend leur droit à une pension alimentaire et prévoit des mécanismes de coordination pour le recouvrement des impayés.
Cependant, son application dépendra des moyens humains et financiers alloués à ce nouveau fonds de pensions alimentaires. Or le système judiciaire algérien souffre déjà de lourdeurs bureaucratiques chroniques. Par ailleurs, cette mesure risque de renchérir la facture sociale de l’État sans régler le fond du problème des pensions impayées.
Avant de crier victoire, il faudrait commencer par former spécifiquement les juges aux affaires familiales, simplifier les circuits financiers et administratifs, puis évaluer périodiquement le dispositif. L’Assemblée appelle aussi à réviser le Code de la famille, ce chantier primordial restant à ce jour au point mort.
Bref, sur le papier cette loi marque une belle avancée. Mais son applicabilité réelle mérite d’être suivie de près par le législateur pour éviter qu’elle ne soit qu’un effet d’annonce politique. Car son efficacité conditionnera la qualité de la protection sociale des Algériens parmi les plus démunis.
Kamel AIDOUNE