Des islamistes, à leur tête Mokri le « petit » Erdogan algérien, des nostalgiques du baath et un ou deux anciens « dissidents » des services, pensent avoir trouvé en Gaïd Salah un potentiel allié dans leur campagne contre ceux qu’ils désignent comme les « laïco-assimiliationnistes francophiles ».
Dans les années 90, suite au coup d’État de janvier 1992, nous étions dans le schéma inverse. Les généraux putschistes avaient alors reçu le soutien des courants dits modernistes dans leur guerre contre le FIS qui s’est avérée au final n’être qu’une guerre contre les civils, contre la démocratie.
Cette polarisation perverse de la vie politique autour de deux courants idéologiques réfractaires aux arbitrages démocratiques, pratiquant l’entrisme et entretenant un rapport instrumental avec les libertés à largement contribué à freiner voire à annihiler toute ambition démocratique dans le pays.
Centré autour du contrôle des appareils militaro-sécuritaire et idéologique d’État, cet affrontement a conduit au blocage de tout processus d’institutionnalisation et de constitutionnalisation du pouvoir politique.
Le positionnement actuel de l’Armée la replace au cœur de toutes les sollicitudes et relance de plus belle la guerre idéologique. Cette situation, si elle est amenée à durer, fragiliserait cette institution et exposerait par conséquent dangereusement le pays.
Organiser son retrait progressif et définitive par l’amorce d’une transition démocratique constituante la mettrait à l’abri de potentielles divisions. Les militaires ne vivant pas en effet en vase clos.
Cela suppose la présence en leur sein d’officiers intelligents capables de concevoir une défense nationale fondée sur la citoyenneté et de transformer l’Armée en une institution républicaine soucieuse de neutralité. Faudra-il pour cela qu’elle puisse se débarrasser définitivement du l’héritage peu glorieux de l’Armée des frontières et des vieux généraux qui le perpétuent.
Par Samir Bouakouir