Un groupe de travail vient d’être créé à l’Assemblée nationale française dans le but d’obtenir la reconnaissance officielle par les autorités des massacres perpétrés le 8 mai 1945 en Algérie par l’armée coloniale française. Une initiative portée par quatre députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), à l’occasion du 79e anniversaire de cette tragédie.
Sabrina Sebaihi, Elsa Faucillon, Fatiha Keloua Hachi et Danielle Simonnet entendent ainsi « faire reconnaître officiellement les massacres du 8 mai commis en Algérie, soit le jour de la capitulation de l’Allemagne nazie ». Une démarche dans la lignée de la résolution condamnant les massacres du 17 octobre 1961, adoptée en mars grâce à Sebaihi.
Au-delà de la reconnaissance symbolique, les parlementaires exigent l’ouverture des archives sur ces événements aux historiens, ainsi que l’intégration de ce pan de l’histoire dans les programmes scolaires, par « respect de notre devoir de mémoire ».
Car le 8 mai 1945, jour de liesse pour les Français fêtant la fin de la Seconde Guerre mondiale, marquait en Algérie le début de violentes répressions sanglantes contre les manifestations nationalistes et indépendantistes. « L’armée française et de nombreuses milices coloniales ont fait régner la terreur pour rétablir l’ordre colonial », dénoncent les députés.
Les chiffres officiels algériens font état de 45 000 morts, tandis que les historiens évoquent « des dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement ». Une tragédie d’une ampleur majeure encore peu connue en France. Cette initiative parlementaire vise donc à briser l’omerta sur ces massacres, en poussant l’État à reconnaître officiellement ces crimes de la colonisation. Un pas supplémentaire vers l’apaisement des mémoires par la vérité historique.
Kamel AIDOUNE