Dans un communiqué publié vendredi, le procureur Karim Khan a dénoncé les “tentatives visant à entraver, intimider ou influencer” son bureau, venant directement du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
En cause ? La perspective d’éventuels mandats d’arrêt ciblant de hauts responsables de l’État hébreu pour les crimes présumés commis dans les territoires palestiniens occupés. Une hypothèse que le chef du gouvernement israélien semble vouloir écarter par tous les moyens.
Depuis plusieurs jours, Nétanyahou exhorte ainsi ses alliés occidentaux à faire pression sur la juridiction internationale, n’hésitant pas à remettre en cause son intégrité. Des manœuvres manifestement perçues comme des menaces par le bureau du procureur.
“Même sans suite, de tels actes peuvent constituer une infraction contre l’administration de la justice”, prévient d’ailleurs le communiqué, rappelant que le code pénal de la CPI “interdit l’intimidation et le trafic d’influence” sous peine de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison.
Un avertissement cinglant alors que, selon des sources proches du dossier, le procureur s’apprêterait à déposer très prochainement ses demandes de mandats d’arrêt concernant le conflit israélo-palestinien. Une étape capitale qui devra être validée par les juges sur la base des preuves rassemblées.
En tentant d’infléchir le cours de la justice par des pressions en coulisses, Nétanyahou prend donc le risque de s’attirer les foudres de la CPI. Une stratégie pour le moins périlleuse pour le dirigeant israélien, qui accuse déjà l’institution d’“antisémitisme” pour rejeter par avance toute accusation la visant.
Cette passe d’armes met en lumière les tensions extrêmes entourant les suites judiciaires du conflit israélo-palestinien. Elle pose également la question de l’indépendance réelle de la Cour face aux pressions politiques des États, quel que soit leur camp.