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vendredi 18 octobre 2024
DébatsKarim Tabbou. Entre populisme, radicalisme et succès

Karim Tabbou. Entre populisme, radicalisme et succès

Beaucoup croient ou feignent de croire que c’est uniquement le populisme qui fait le succès de Karim Tabbou ignorant ou faisant semblant d’ignorer d’autres paramètres qui construisent la stature d’un homme politique: le passé, la réputation et les actions politiques courageuses.

Le passé de Tabbou n’accuse aucun fait négatif, sa virginité politique parle de lui même. Sa réputation d’homme simple, honnête et présent parmi les pauvres aussi. Il n’a jamais fait partie de cercles douteux ou de lobbys qui l’auraient entraînés dans des affaires financières louches ou des compromis politiques contraires à la conscience populaire que je lie directement à ce que Sigmud Freud appelle, la mémoire collective. Cette notion selon laquelle un évènement négatif ou oppressif ne disparaît jamais de la conscience populaire même au fil du temps mais qui reste comme enfuis à jamais dans la mémoire. Par ricochet on peut aussi bien inscrire cet événement sombre sur le curriculum vitæ de la personne. Ce CV symbolique n’est pas enregistré dans les administrations officielles mais uniquement dans cette mémoire du vox populi qui détermine la popularité et le succès dans l’urne le moment opportun.

Au contraire Karim a fait partie de l’un des plus prestigieux parti politique d’opposition de l’Algérie; le FFS, une école des droits de l’homme et des libertés d’expression dont il a été injustement exclu mais qui en définitif lui a rendu indirectement le plus grand service, car c’est à partir de cette période là que ce dernier s’était forgé sa propre carapace de vrai soldat politique.

Son premier succès politique au niveau NATIONAL remonte justement à cette journée mémorable, d’il y’a environ trois mois lorsque ce conglomérat dit d’opposition s’était réuni au siège de Abdellah Djabllah dans le but de trouver une issue aux premières manifestations populaires. On se souvient que Tabbou avait quitté la table des négociations en sortant furieux, dénonçant devant les médias des pratiques dépassées et accusant cette même opposition d’avoir un retard biologique par rapport à la demande du Hirak et du peuple.
Un acte qui paraît anodin, mais par lequel Tabbou a prouvé son attachement et son allégeance au mouvement populaire. Son action a été largement saluée comme un respect et une inclinaison au mouvement citoyen dans la rue, refusant ainsi de cautionner des décisions contraires à la légitimité populaire. Aussi par cette action, le plus jeune politicien algérien venait sans se rendre probablement compte de dévoiler à la face des manifestants, le jeu trouble de la dite opposition qui tout simplement cherchait à cautionner un plan concocté par le laboratoire du régime honni d’Alger. Bien sûr, une fois le plan déjoué grâce à ce jeune loup qui venait comme on dit chez nous, gratter  » le peuple », là où cela le démangeait, il ne restait plus à ses adversaires et concurrents politiques que de jeter l’anathème sur lui en lui collant cette étiquette de populiste pour cacher leurs inepties et leurs manques d’initiatives.

Ceci dit, Il est totalement faux de croire que sa façon de parler, de critiquer ou de pousser le bouchon plus loin d’où parfois se mêle l’animosité et l’énervement avec des gestuelles soit du populisme. À mon sens c’est au contraire une force de caractère qui se traduit par sa ténacité et sa « radicalité » dans la perception des évènement, c’est ce qu’on appelle un caractère d’opposant. Ce caractère d’opposition a servi Hocine Aït Ahmed qu’on a traité d’ailleurs de populiste également.
Le plus édifiant de la réussite politique de Karim est justement son opposition radicale au pouvoir mafieux et ses relais. Sa radicalité est son crédo et son opposition tout son patrimoine. Car plus on est opposant à un régime plus on a l’estime du peuple, plus on est radical envers le régime plus on est aimé du peuple, cela renvoie à cette radicalité de YETNEHAW GA3.

C’est justement cette image de radicalité et non de son qui fait la réussite de Tabbou et cela s’est encore amplifié lorsqu’il s’est mit à critiquer directement le chef d’État major Ahmed Gaïd Saleh le mettant devant le fait accompli et en le responsabilisant en cas de dérives, au moment où d’autres politiciens s’adressaient au ministère de l’intérieur ou par défaut à l’institution militaire.
Tabbou a contribué d’une façon ou d’une autre à éveiller la conscience populaire qui s’investissait dans le khawa khawa croyant naïvement à l’intervention du militaire dans le rétablissement de la démocratie. D’ailleurs il avait adressé au chef d’État major une lettre ouverte – mi mars – l’enjoignant à remettre le flambeau du pouvoir à la jeunesse pour éviter le pire au pays. Tout ceci dénote d’une pression politique radicale dont les desseins concordent avec les attentes des populations qui aspirent à vivre librement et qui voient en ce jeune politicien un homme capable de traduire leurs aspirations au réel.

Pour finir, il ne suffit plus de lancer des théories et des écrits journalistiques avec deux petites conférences, ça et là pour se définir opposant et apte à mener une transition, les débats de salons et autres flagorneries sans lendemain et sans leur mise en œuvre avec la complicité des populations reviennent aussi à de la fantasmagorie et à du pur populisme. Le populisme a plusieurs facettes et ne le confondons pas avec des actions percutantes réussies d’un jeune opposant, peut-être un peu emporté par un simple excès de zèle.
Donc une pratique vaut mille théories et sans théorie la pratique risque de s’amenuiser. Par conséquent Karim Tabbou semble tout simplement profiter des théories et des analyses combien justes de feu Hocine Aït Ahmed dont il est à mon avis le fils spirituel.

Par Akli Graïne

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