La publication d’un communiqué de l’Union Européenne condamnant Khalifa Haftar a été bloquée par la France mercredi. Un désaccord qui souligne les divergences au sein de l’UE sur la question libyenne.
La France s’est opposée mercredi à la publication d’un communiqué de l’Union européenne demandant au maréchal Khalifa Haftar, dont les forces tiennent l’est de la Libye, de stopper l’offensive lancée pour s’emparer de la capitale Tripoli, ont déclaré des sources diplomatiques.
Le projet de communiqué, que Reuters a pu consulter, stipulait que l’offensive militaire lancée par l’Armée nationalelibyenne (ANL) du maréchal Haftar sur Tripoli « menaçait la population civile, perturbait le processus politique et pourrait provoquer une escalade des tensions avec de sérieuses conséquences pour la Libye et la région dans son ensemble, notamment une menace terroriste ».
D’après l’ONU, les combats entre l’ANL et les forces fidèles au gouvernement d’union nationale (GNA) du Premier ministre Fayez al Serraj ont fait plusieurs milliers de déplacés dans la banlieue de Tripoli.
Division entre la France et l’Italie
Ce désaccord sur le projet de communiqué souligne les divergences au sein de l’UE sur la question libyenne.
Le président du Parlement européen avait ainsi déploré dans la journée les divisions entre la France et l’Italie en dépit de la position unitaire affichée par la diplomatie européenne.
Antonio Tajani, qui est italien, a exhorté les pays de l’Union européenne à parler d’une seule voix face au regain de violence en Libye.La France s’est opposée au projet de communiqué, qui a été rédigé à Bruxelles, via un processus qui permet à chaque État membre de l’UE de formuler des objections. L’UE va désormais s’atteler à la rédaction d’un nouveau projet de communiqué, en espérant parvenir à un consensus.
Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès de la mission diplomatique française.
La Libye est aujourd’hui divisée en deux, entre le GNA qui siège à Tripoli et un gouvernement parallèle, soutenu parKhalifa Haftar, qui dirige l’est du pays et qui a récemment étendu son contrôle sur le Sud.
L’Italie, ancienne puissance coloniale, est un acteur de poids dans l’industrie pétrolière libyenne et soutient le GNA.
La France, qui a également des avoirs pétroliers dans l’est de la Libye, est accusée de soutenir le maréchal Haftar, acteur selon elle incontournable de la lutte contre le terrorisme.
Une source diplomatique française a assuré lundi que Paris n’avait « aucun plan caché »concernant le rôle que doit jouer l’homme fort de l’Est libyen, réaffirmant le soutien de Paris au gouvernement Serraj.
Source Ouest-France