En interdisant les rassemblements algériens prévus dimanche à Paris, le préfet de police fait preuve d’un zèle qui arrange bien les affaires du régime algérien. Sous couvert de risques de troubles à l’ordre public, cette décision prive de visibilité les contestataires du régime, au moment même où ils s’apprêtaient à commémorer le 5ème anniversaire du Hirak.
« En raison de risques de troubles graves à l’ordre public, le préfet de police interdit l’ensemble des manifestations prévues demain dimanche 18 février en commémoration du Chahid d’une part et en lien avec le Hirak d’autre part », a indiqué, samedi, la Préfecture de police de Paris.
En effet, un rassemblement devait avoir lieu ce dimanche à 14h place de la Nation, à l’appel d’un collectif de Français d’origine algérienne. L’objectif : commémorer comme chaque année la journée nationale du Chahid, qui honore la mémoire de centaines de milliers d’Algériens tués entre 1954 et 1962 durant la sanglante guerre d’indépendance contre la France. Un moment douloureux certes, mais ô combien symbolique pour la diaspora algérienne de l’hexagone, encore meurtrie par ce passé qui n’en finit pas de hanter les relations entre les deux pays.
Certes, les commémorations du Chahid et du Hirak attirent aussi leurs lots d’opposants farouches au régime algérien. Mais fallait-il pour autant les interdire toutes ? Surtout quand on connaît les accointances passées entre certains responsables français et politiciens algériens.
Bien sûr, les risques de troubles à l’ordre public sont réels et doivent être pris au sérieux. Mais en muselant toute contestation du régime algérien en France, on lui offre aussi un sacré coup de pouce. Au mépris de la liberté d’expression et du droit des Algériens de France à commémorer leur histoire.
Kamel AIDOUNE