Mustapha Bouchachi, Karim Tabbou et Zoubida Assoul sont au centre d’une polémique et d’une campagne de dénigrement violentes. Leurs noms se retrouvent sur la liste des signataires d’une plateforme pour le changement aux côtés d’anciens dirigeants du Front islamique du salut (FIS) Mourad Dhina et Kamel Guemazi.
Cette campagne n’aurait pour objectif que d’invectiver et calomnier ces personnalités connues pour leurs engagements démocratiques. Ils sont accusés de faire la promotion des obscurantistes et de composer avec des islamistes responsables de la décennie noire. Les trois personnalités ont vite démenti leurs implications avec les islamistes. Bouchachi et Assoul démentent avoir signé ce document, même si la plateforme reste intéressante, de leurs points de vue. Quant à Karim Tabbou, il déclare avoir joint son nom sans connaitre les signataires.
Les trois personnalités sont présentées comme des alliés des islamistes, ou comme promoteur du retour du FIS dissous. Ceux-là ont par ailleurs toujours été des militants pour la démocratie et pour les libertés individuelles et collectives.
Quelles sont les raisons de cette compagne de dénigrement ?
Cette compagne vient à un moment où ces figures commencent à faire le consensus dans la société civile. Elle est vraisemblablement orchestrée par des cercles que l’engagement et l’aura que dégagent ces personnalités dérangent.
Elle arrive dans un contexte où le pouvoir en place prépare une conférence d’entente nationale. Il aurait instruit les walis pour recruter des jeunes issus des organisations satellitaires qui seront perçus comme « représentants des manifestants ».
Des dizaines d’associations, financées par le régime, se sont réunies à Sidi-Fredj pour lancer « le dialogue national ». Cette campagne ne vise-t-elle pas à fabriquer des interlocuteurs, parallèlement à une campagne de discrédit de ces personnalités qui est actuellement en œuvre ?
Ces attaques visent notamment à éviter que des personnalités politiques, issues de l’opposition, n’émergent. Le but ne serait-il pas de laisser la rue sans représentation et de présenter le pouvoir comme seule alternative ?
Une chose est sure : le timing et les moyens utilisés pour s’attaquer à ces personnalités obéissent à une stratégie qui a pour objectif de les mettre hors course pour les prochaines échéances électorales. Associer leurs noms à ceux de personnalités islamistes répond à la volonté de les assimiler à leur projet obscurantiste, tout en faisant peur aux Algériens qui ont toujours en eux le pénible souvenir de la décennie noire.