Les semeurs d’espoir.
Partout, depuis le 22 février 2019, sur le territoire national, s’est levée une note d’espoir portée par une foule de jeunes qui, face à l’humiliation subie par contrainte, a décidé de mettre un terme à un joug aux allures à la fois burlesque, absurde et cynique.
Le mot d’ordre du non au cinquième mandat est l’expression d’une aspiration profonde à voir la fin du pouvoir actuel dans son ensemble.
Plus clairement, les manifestants expriment leur vœu de la fin du détournement de la volonté populaire. Celle-ci n’est pas seulement réductible au trucage des scrutins – véritable chancre de la vie politique – mais aussi à ce qui précède et suit ce phénomène : la négation des libertés publiques, le contrôle des media lourds, le viol de la constitution, etc…
Cette option délibérée qui repose sur la volonté de se maintenir au pouvoir coûte que coûte a abouti à l’aggravation :
du népotisme ;
de la corruption généralisée ;
de la gérontocratie.
Bref, ni pain ni liberté pour le plus grand nombre, tel est le résultat de cet entêtement qui ne veut même pas d’une alternance en interne.
L’irruption aujourd’hui du peuple dans la rue est une bouffée d’air pur, un grand moment de dignité. L’Algérien a besoin de considération et de respect. C’est parce qu’il est humilié par cette épreuve de trop aussi méprisante qu’inacceptable qu’il a décidé d’arracher ses droits élémentaires. Commence ici une longue marche pour la restauration de l’image de l’Algérie, hélas trop abîmée.
A travers ces manifestations populaires et pacifiques, preuve d’un haut degré de maturité et de conscientisation, le peuple algérien veut saisir son destin entre ses mains, d’accéder à son droit à l’autodétermination. L’Algérie est en effet au-dessus des combinaisons mortifères qui risquent d’anéantir l’Etat souverain.
Le plus important aujourd’hui est d’engager le dialogue pour une transition pacifique. La boussole est de dégager un socle constitutionnel incontestable et incontesté.
Le monde change alors que l’Algérie stagne, mais le destin a sonné pour reformuler les termes de la démocratie : par le peuple et pour le peuple.
Alger, le 25 février 2019.
IRD : Badaoui Ahmed, Mira Tarik, Moula Ramdane et Ouazar Hamid.