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dimanche 22 décembre 2024
ActualitéCrimes terroristes d'Imlil: les révélations de la DGSN

Crimes terroristes d’Imlil: les révélations de la DGSN

Boubker Sabik, porte-parole de la DGSN (Direction générale de la Sûreté Nationale) a fourni ce dimanche soir dans l’émission « Confidences de presse » présentée sur 2M par Abdeallah Tourabi, d’intéressantes révélations qui reconstituent en grande partie le récit des faits entourant les deux crimes terroristes d’Imlil, de la radicalisation des terroristes présumés jusqu’aux premiers jours de l’enquête et les 13 arrestations.

Tous les éléments ci-dessous ont pour source l’émission de 2M, diffusée en direct le dimanche 23 décembre à 19H00.

Tout commence à Marrakech. Dans cette ville, 4 individus se rencontrent de plus en plus fréquemment. L’animateur de la troupe a des antécédents en matière de terrorisme. Il avait été condamné en 2013 pour avoir embrigadé et mobilisé des Marocains en vue de leur faire rejoindre Daech en Syrie et en Irak. Il a purgé sa peine.

En peu de temps, il réalise avec ses trois recrues, une radicalisation expressesans aucun contact avec l’étranger.

Le mercredi 12 décembre, les quatre personnages décident de passer à l’acte. Le vendredi 14 décembre, ils quittent la ville de Marrakech et se rendent dans la région d’Imlil. Ils n’ont pas identifié de cible. Ils vont un peu à la recherche d’une occasion.

Ce vendredi 14, ils installent leur petite tente dans les contreforts montagneux et y enregistrent un message d’allégeance à Daech. Cette allégeance confirme qu’ils ont décidé de passer à l’acte. C’est une allégeance et une sorte de pré-revendication. Le mercredi 19 décembre, 48 heures après les deux crimes terroristes d’Imlil, elle sera diffusée sur un canal de Daech sans référence, à notre connaissance, aux deux crimes.

Parallèlement, deux jeunes touristes scandinaves se rendent dans la région. Elles veulent escalader le Toubkal. Plusieurs sources différentes affirment aux enquêteurs qu’elles ont refusé de prendre un guide et qu’elles ont refusé d’écouter les conseils de prudence qui ont été formulés par différents interlocuteurs.

Dimanche soir, 16 décembre, elles dressent leur tente sur la route de Sidi Chamharouch, pas loin d’une épicerie, dans une zone très accidentée.

On ne sait pas comment les tueurs les ont repérées. En tous les cas, le crime est commis dans la nuit du dimanche au lundi, 16-17 décembre. Les quatre individus reprennent immédiatement la route vers Marrakech.

Le lendemain matin, les corps sont découverts par la population. Ils ont été mutilés. L’enquête est prise en charge immédiatement par la gendarmerie, qui a la compétence territoriale.

La scène du crime est sécurisée. Des données sont collectées auprès de l’épicier, du gérant du gîte proche, de la population, des conducteurs de taxis. Des films enregistrés par différentes caméras sont visionnés.

Les premières constatations sont celles de deux homicides volontaires avec préméditation et guet apens, ce que le code pénal qualifie d’assassinat.

Dès les premières collectes de données, la thèse terroriste est retenue parmi d’autres d’autres thèses. Mais quoi qu’il en soit, les enquêteurs acquièrent la conviction qu’il s’agit d’actes criminels peu ordinaires.

Le ministère public décide alors de confier l’affaire au BCIJ.

En quelques heures, le BCIJ identifie formellement le premier suspect et l’arrêtera le mardi matin 18 décembre dans la banlieue de Marrakech.

Comment a-t-il pu être aussi rapide? « Le BCIJ a utilisé ses canaux de renseignement, a visionné les enregistrements vidéos, a consulté ses bases de données et a identifié formellement l’individu sur cette base ». Il a été reconnu sur les vidéos, pourtant enregistrées de nuit.

Les trois autres individus ont été identifiés peu après en se basant d’une part sur les données recueillies sur place et d’autre part, sur les déclarations du premier suspect.

Les identités des trois suspects sont alors diffusées partout sur le territoire national.

Le jeudi 20 décembre, ils sont arrêtés tôt le matin, vers 7H30, près de la gare routière de Bab Doukkala. M. Sabik dément que les informations aient été apportées par des citoyens (des vendeurs de la gare routière), qu’il remercie d’ailleurs pour leur implication. Il indique que dès leur identification, la DGST a collecté de nombreuses données qui ont permis de suivre leur itinéraire et que ce jeudi là, une information précise de la DGST a permis de les qrrêter. L’équipe d’intervention dépêchée sur place a d’ailleurs préféré que l’autocar quitte la gare avant de l’arrêter et de monter pour se saisir des trois fugitifs. ET ce, pour préserver la gare et ses voyageurs d’un danger éventuel.

Les quatre individus exercent de petits métiers, plus ou moins informels. L’un d’entre eux travaille dans la menuiserie avec son père. Deux d’entre eux sont âgés de 33 ans, un troisième de 27 ans et le dernier de 25 ans. Leur niveau scolaire est qualifié de limité.

Dans une seconde étape, l’enquête a conduit à identifier puis à arrêter 9 autres individus qui étaient en contact avec les quatre suspects et avec qui ils partageaient des idées extrémistes. Un  fusil de chasse, des matières chimiques permettant de fabriquer des explosifs ont été saisis à cette occasion.

Quant à la vidéo qui a été extrêmement partagée sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp, supposée montrer la décpitation d’une victime, elle n’est toujours pas authentifiée selon M. Sabik. Il y a des indices tels que les vêtements des suspects, qui ne concordent pas. Elle se trouve actuellement entre les mains des services techniques de la DGSN et le résultat de l’expertise sera publié, promet M. Sabik.

Deux graves menaces: le terrorisme individuel et les retours de Syrie

Boubker Sabik explique qu’il y a une mutation du terrorisme, provoquée par la défaite de Daech en Syrie et en Irak. Cette défaite a cantonné Daech dans un réduit. Les jihadistes quittent donc la Syrie. Certains sont arrivés à s’insérer dans les rangs des réfugiés syro irakiens qui sont entrés en Europe. D’autres sont restés sur place ou sont morts. D’autres enfin n’ont d’autre choix que de rentrer dans leurs pays d’origine.

La DGST avait anticipé ce problème et restait vigilante.

1.669 Marocains avaient été listés dans les rangs de Daech et dûment identifiés. Les bases de données correspondantes ont été diffusées auprès des 50 points d’entrée sur le territoire marocain, y compris les photos et les empreintes digitales.

La DGSN est en train d’installer le SGPS, un système de gestion informatique des polices des frontières, avec lecture automatique des passeports et des visas, ce qui permet entre autres de déceler les faux documents, car généralement ces anciens terroristes utlisent de « vrais faux passeports ». Au moins 248 d’entre aux ont été arrêtés à leur retour.

La seconde source de menace est la diffusion sur Internet, de toute sorte de vidéos faisant l’apologie du terrorisme ainsi que de fetwas, dont l’une prévoit l’exemption de demande d’autorisation avant de passer à l’acte.

Tous ces éléments réunis favorisent les radicalisations individuelles ou en petits groupes, sans aucun contact avec l’étranger.

Dernier facteur: plus de 2.900 Marocains condamnés dans des faits liés au terrorisme ont été libérés après avoir purgé leurs peines. Certains d’entre eux ont effectué des révisions idéologiques et se sont inscrits dans des démarches de déradicalisation. Mais pas tous.

Après la diffusion de la vidéo présentée comme étant celle de l’acte terroriste d’Imlil, quelques personnes ont fait ‘lapologie du terrorisme sur le net. Elles ont été « toutes identifiées ». Deux arrestations ont eu lieu.

Il reste encore quelques questions en suspens, mais l’enquête étant en cours, ces premiers éclairages permettent déjà de se faire une idée du modus operandi et de ce que savent les enquêteurs.

Par R. B.

Source : MEDIA 24

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