Après près de 14 ans de rebondissements juridiques, l’affaire Julian Assange semble enfin trouver son épilogue. Le fondateur de WikiLeaks, poursuivi pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels américains, a été libéré lundi après cinq années de détention au Royaume-Uni.
Selon des documents judiciaires rendus publics dans la nuit de lundi à mardi, Julian Assange devait comparaître mercredi devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique. Poursuivi pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale », Assange aurait signé un accord avec la justice américaine, s’engageant à plaider coupable de ce seul chef d’accusation.
Cet accord marque un tournant décisif dans une affaire qui a débuté en 2010 avec la publication par WikiLeaks de plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.
Une libération surprise
Contre toute attente, WikiLeaks a annoncé lundi soir sur le réseau social X que « Julian Assange est libre » et a quitté le Royaume-Uni. L’Australien de 52 ans aurait été libéré à l’aéroport londonien de Stansted, d’où il a embarqué à bord d’un avion. Cette nouvelle a suscité une vague d’émotion parmi ses soutiens, son épouse Stella Assange exprimant une « immense gratitude » envers tous ceux qui se sont mobilisés pour sa libération.
Une pression internationale
La résolution de cette affaire est le fruit d’une importante pression médiatique et politique. WikiLeaks a salué le résultat d’une « campagne mondiale » ayant rassemblé militants, législateurs et dirigeants de tous bords politiques. Le gouvernement australien, qui avait présenté une demande officielle en février pour l’abandon des charges, a estimé que l’affaire avait « traîné en longueur depuis trop longtemps ».
L’affaire Assange a soulevé d’importantes questions sur la liberté de la presse et le droit du public à l’information. WikiLeaks souligne avoir « publié des informations inédites sur la corruption des gouvernements et les violations des droits humains, obligeant les puissants à rendre compte de leurs actes ». Parmi les documents divulgués figure notamment une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de Reuters, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en 2007.
Alors qu’Assange se dirige probablement vers l’Australie, son pays natal, de nombreuses questions demeurent sur son avenir et les conditions exactes de sa libération. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a salué cette évolution, espérant un « règlement définitif de cette affaire, sans nouvelle détention ».
SAMIR L/AGENCES