L’ancien ministre de l’industrie Abdeslam Bouchouareb, une figure clé de la Issaba, se trouve aujourd’hui au cœur d’une procédure judiciaire complexe. Résidant dans le sud de la France, il fait face à des condamnations sévères prononcées en Algérie, totalisant une centaine d’années de prison par contumace. Ces lourdes peines sont aujourd’hui au centre d’une demande d’extradition émise par l’Algérie, que la cour d’appel d’Aix-en-Provence examinera le 9 octobre prochain.
Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie de 2014 à 2017 sous le gouvernement de Bouteflika, a vu sa carrière politique décoller sous la protection de l’ex-président. Cependant, comme de nombreux proches du pouvoir déchu, il a été condamné, en son absence, pour des accusations de corruption, dans le cadre d’une opération « mains propres » sur fonds de guerre des clans à l’intérieur du régime algérien. Détournement de fonds publics, abus de pouvoir et octroi d’indus avantages, font partie des chefs d’accusations retenus contre lui. Son cas est particulièrement notable, car il est l’un des plus lourdement sanctionnés parmi les anciens dignitaires du régime Bouteflika.
En tout, l’Algérie a émis huit demandes d’extradition à son encontre, trois visant à engager des poursuites et cinq pour faire exécuter des jugements le condamnant chacun à vingt ans de prison, assortis d’amendes et de la confiscation de son patrimoine. L’accusation l’implique dans plusieurs affaires de corruption, de favoritisme, et de conflits d’intérêts.
Depuis octobre 2023, Abdeslam Bouchouareb est sous contrôle judiciaire en France, avec interdiction de quitter le pays et l’obligation de remettre son passeport. Pendant cette période, la justice française a sollicité des précisions auprès des autorités algériennes, notamment sur la question de la peine de mort, demandant des garanties qu’elle ne serait ni requise ni appliquée dans ce dossier.
Un point de discorde réside dans une peine de vingt ans de prison prononcée contre Bouchouareb pour des faits normalement passibles d’un maximum de dix ans selon le Code pénal algérien. Son avocat, Me Benjamin Bohbot, dénonce une violation des droits fondamentaux et des « simulacres de procès », estimant que les jugements rendus ne respectent pas les normes internationales.
Cette affaire, symbolique des purges opérées dans le sillage de la chute du régime Bouteflika, et pose la question de l’équité des procédures engagées contre les anciens hauts responsables de l’ère Bouteflika, mais aussi le problème de l’indépendance du système judiciaire en Algérie.