Adoptée fin décembre, la loi de finances 2024 est entrée en vigueur cette semaine après publication au Journal officiel et signature par le président Tebboune. Dans un contexte économique tendu, ce budget opte résolument pour le soutien du pouvoir d’achat des ménages algériens.
Côté dépenses, les postes significatifs concernent en effet les subventions à la consommation ainsi que la fonction publique, avec des augmentations salariales substantielles prévues. L’allocation chômage passera ainsi de 13 000 à 20 000 dinars. La bonification des petites retraites et pensions est également programmée.
En parallèle, plusieurs produits de large consommation seront exemptés de TVA jusqu’à fin 2024 : fruits et légumes locaux, viandes blanches, œufs, céréales locales ou importées… Objectif assumé : préserver le pouvoir d’achat des Algériens dans un contexte inflationniste persistant.
Sur le front du logement, de nouvelles subventions étatiques visent à soutenir l’accession à la propriété. Les locataires AADL bénéficieront aussi d’un abattement de 10% sur les loyers.
Ces choix budgétaires tranchent avec les discours officiels prônant la diversification de l’économie algérienne. Les experts dénoncent d’ailleurs un « manque de vision structurelle » et une « fuite en avant dans l’assistanat ». Car le financement de ces dépenses repose encore largement sur la manne des hydrocarbures, au détriment de l’investissement productif.
Le gouvernement joue donc la carte sociale à quelques mois de la présidentielle. Quitte à reporter les réformes de fond synonymes d’efforts et de restrictions pour une population déjà éprouvée ? L’avenir le dira. Mais ce budget de la consommation à outrance n’est pas sans risque à terme.
Kamel AIDOUNE