Dans un entretien paru ce vendredi dans le Figaro, Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur de France à Alger parle de l’Algérie et de son président.
LE FIGARO. – Vous décrivez les relations difficiles entre Paris et Alger et semblez douter d’un « grand soir franco-algérien » de la mémoire et de la réconciliation…
Bernard BAJOLET. – Je crois à une évolution par petits pas. Et ce pour deux raisons. La première tient à un problème de génération. La nomenclature algérienne, issue ou héritière de la guerre d’Algérie, a toujours besoin de se légitimer en exploitant les sentiments à l’égard de l’ancienne colonie. La seconde raison est plus conjoncturelle : le président Bouteflika, avec tout le respect que j’éprouve pour lui, est maintenu en vie artificiellement. Et rien ne changera dans cette période de transition. Si ouverture il y a, il faudra aussi qu’elle soit réciproque avec, entre autres choses, l’ouverture des archives du FLN… Mais des avancées existent, souvent très discrètes : les pieds noirs, et même les anciens appelés, sont bien accueillis en Algérie. Quand j’étais ambassadeur, les Algériens nous ont sincèrement aidés à rechercher, en vain, les corps de soldats français torturés et tués par le FLN. Il y a en revanche un réel blocage sur la question des harkis.
Le Figaro