“Sans ce Hirak populaire, ce neuvième vendredi du soulèvement populaire aurait pu être le premier jour du cinquième mandat”. La pancarte d’une jeune femme rappelait en ce neuvième vendredi ce à quoi les Algériens ont échappé même s’ils ne savent pas encore de quoi les lendemains seront faits. Chaque vendredi de manifestation pacifique est différent, les revendications s’affinent, la mobilisation s’affirme et l’envie de changement ne décroit pas.
Bien avant dix heures, les premiers manifestants étaient déjà Place Maurice-Audin. Quelques policiers patrouillaient autour de cette place prisée par les manifestants mais ils étaient plus discrets que les derniers vendredis.
À la Grande Poste, la mobilisation était déjà plus importante. L’un des slogans fétiches des manifestants “Leblad Bladna ou Ndirou Rayna” scandé haut et fort par les manifestants, retentissait de loin.
Au fil des minutes, la foule devient compacte et s’étend jusqu’au Sacré-cœur, en haut de la rue Didouche Mourad. Les Algériens sont encore dans la rue pour revendiquer le changement. Cela fait plus de soixante jours qu’ils le font, avec le même objectif: être maîtres de leur destin. Ce changement, ils le veulent avec des moyens pacifiques. Généreux et solidaires, ils le montrent chaque les vendredis depuis le 22 février.
Les premiers couscous arrivent à la Place Audin à midi pile. Certains observent avec admiration ce geste généreux, d’autres n’hésitent pas à honorer le met national et maghrébin.. Hommes, femmes et enfants partagent le repas, comme en famille à la maison. Ensuite, on reprend la marche.
Plus loin sur la rue Didouche-Mourad, une jeune femme, drapeau sur les épaules, distribue de petites galettes soigneusement posées dans un panier en osier. Elle s’est levée à six heures du matin pour les préparer. Accompagnée de son père, elle est venue de Dely Brahim pour manifester et distribuer ses galettes. “Je reviendrais la semaine prochaine”, promet-elle. Les vendeurs de drapeaux occupent tous les coins à Alger-Centre. L’emblème national domine, avec une nouvelle variante qui fait son entrée sur le marché de la révolution: . des drapeaux en laine! Comme si les marchands s’attendent à ce que le hirak dure encore longtemps. Il y a également des pin’s reprenant les grands slogans du hirak, notamment Tetnahaw-Ga3 et Silmya.
Les jeunes ne manquent pas d’humour, l’un d’eux a écrit sa pancarte: “Je vous jure que je n’ai pas trouvé quoi écrire…l’essentiel partez tous”.
Le vendredi des propositions
Les manifestants de ce 19 avril demandent toujours le départ du “gang ”. Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Gaid Salah. Ils n’épargnent pas non plus le nouveau président du Conseil constitutionnel, Kamel Feniche.
On entend les manifestants scander “Ya Fennich Ya Bensalah, le pouvoir tombera inéluctablement”. L’occasion est toujours bonne de rappeler la légitimité des revendications du peuple “Nos revendication sont légitimes et ne relèvent pas de l’impossible” peut-on lire sur les slogans d’un monsieur.
Sur une banderole, des manifestants résument les objectifs d’une conférence populaire indépendante, “ faire avorter le plan du gang qui vise à faire hériter le pouvoir….”
Ce vendredi de marche vers un avenir meilleur témoigne d’une envie de changement, de liberté mais aussi de l’amour incontesté que portent les Algériens pour leur patrie. Comme l’a écrit Sid Ahmed Semiane, ”Être Algérien est un travail à plein temps”. Une assertion qui prend tout son sens, en cette période. Drapeau sur le dos, pancartes en main, chants patriotiques à la bouche, c’est ainsi que les Algériens mènent leur combat.
Source Huffpostmaghreb