En l’espace de 48 heures, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été présentés devant la Cour suprême et incarcérés à la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger.
Ahmed Ouyahia, plusieurs fois Premier ministre (2003 à 2006 puis de 2008 à 2012), secrétaire général du RND (parti pro-pouvoir), ancien chef de cabinet à la Présidence de la République, comparaissait ce mercredi 12 juin devant la justice pour « octroi d’indus avantages dans les marchés et contrats publics, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et conflit d’intérêts ». Suite à une longue audition, le juge d’instruction à la Cour suprême ordonne sa mise en détention provisoire. L’information a créé une onde de choc et de satisfaction dans l’opinion : le Premier ministre des années Bouteflika n’avait cessé de dénigrer le mouvement populaire pacifique né le 22 février pour dénoncer le maintien au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika. « En Syrie aussi, cela a commencé avec des fleurs », avait-il alors déclaré devant les députés.
Nouvelle offensive judiciaire
Au moment de son incarcération à la prison d’El Harrach, des Algériens ont manifesté leur joie, certains brandissant ou jetant sur le fourgon le transportant en détention des pots de yaourt : on lui prête d’avoir reproché par le passé aux Algériens qu’ils vivaient au-dessus de leurs moyens, disant qu’ils pouvaient se passer par exemple du yaourt ! Impopulaire, se qualifiant lui-même d’« homme de sales besognes », Ouyahia cristallisait la colère des Algériens contre le pouvoir. Là, il vient d’aggraver son cas avec ces affaires de corruption.
PAR ADLÈNE MEDDI
Source LE POINT