Les deux principaux partis politiques de la coalition qui a soutenu Abdelaziz Bouteflika depuis son arrivée en 1999 et qui ont fait preuve d’un zèle extrême dans la défense de sa reconduction pour un cinquième mandat ont exprimé leur soutien au mouvement populaire.
Cette position, en déphasage total avec leur histoire ancienne et récente aurait pu être lue comme « une prise de conscience tardive » si ces deux partis étaient de simples soutiens conjoncturels du système décrié par les millions des manifestants algériens dans les rues depuis le 22 février. Mais la réalité est tout autre. « Le FLN et le RND constituent l’ossature du système algérien. Plus que des partis, ce sont des réseaux très complexes qui gèrent des intérêts politiques et économiques aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Ils sont indissociable du système», explique le sociologue Ahmed Raoudjia.
Le ralliement de ces partis au mouvement insurrectionnel, signifie-t-il qu’il y a une fissure au sein du système comme tentent de le faire croire certains analystes ? La sortie du porte-parole du RND quia déclaré que l’Algérie était gérée par des forces extraconstitutionnelles depuis 7 ans signifie-t-elle que les factions du système s’entredéchirent ? Le sociologue Ahmed Rouadjia considère que cette tempête qui agite le système de l’intérieur n’est rien d’autre qu’une manœuvre tactique qui vise un repositionnement du FLN et du RND vis-à-vis de la société mais aussi vis-à-vis du nouveau système qui va probablement être mis en place dans le cadre la transition qui va s’enclencher prochainement. En effet, selon lui, le FLN et le RND, en tant que piliers du système, ne veulent pas se réhabiliter seulement en tant qu’appareil politique.
« On sait très bien que le FLN et le RND n’ont aucune autonomie de décision. S’ils ont exprimé leur soutien au mouvement populaire, c’est qu’ils sont reçus des injonctions dans ce sens. Cette démarche ne vise pas simplement à redorer leur blason auprès de l’opinion pour mieux se positionner dans le système futur qui sera probablement mis en place, mais aussi pour permettre le recyclage du système à travers eux. Le FLN et le RND sont en train d’être utilisés comme cheval de Troie pour sauver ce qui reste encore à sauver du système actuel et préparer le terrain pour l’après-changement. En gros, ils prennent leurs distances avec le système pour le sauver, ils reculent pour mieux sauter», explique M. Raoudjia.
Source Maghreb Émergent
Par Amar Ingrachen