Au Maroc, les déchets médicaux et pharmaceutiques sont estimés à 21 000 tonnes par an. Si depuis plusieurs années le pays s’est doté d’une solide réglementation, il semble que cela n’a pas été accompagné d’un réel suivi.
Une consigne que de nombreux hôpitaux publics et cliniques privées enfreignent quotidiennement au Maroc. En effet, des vidéos et photos attestant de ce fléau inondent les réseaux sociaux. Des piles de seringues, d’aiguilles et de produits contaminés sont entreposés à ciel ouvert, devant les établissements.
Un véritable fléau
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 15% des déchets générés dans un hôpital constituent un véritable danger et peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs. C’est dire le danger qui pèse sur les habitants. Contacté par Yabiladi, Bouchra Abdou, directrice de l’association Tahadi pour l’environnement, basée à Casablanca, explique l’étendue du phénomène :
«Nous recevons quotidiennement des plaintes. Les déchets sont jetés devant les établissements, devant les maisons des habitants et encore plus grave… devant les établissements scolaires.»
Bouchra Abdou, directrice de l’Association Tahadi
Un risque d’autant plus grave, car ces décharges «constituent un réservoir de microorganismes pouvant causer des infections telles que le Sida, les hépatites B et C, les infections de gastroentérites, d’autres cutanées et la liste est longue», souligne le docteur Ahmed Fassi Fihri, dans son essai présenté à l’Université de Sherbrooke.
De plus, avant leur sortie de l’hôpital, ces déchets constituent déjà un danger pour le personnel médical, qui selon plusieurs études de terrain, n’est pas sensibilisé ni formé quant aux bons procédés d’élimination des déchets médicaux et pharmaceutiques. Un autre danger s’ajoute dans un pays en voie de développement tel que le Maroc, celui de la fouille et du tri manuel des décharges, ajoute-t-il.
«Il faut les poursuivre»
Pourtant, la loi relative à la gestion et à l’élimination des déchets médicaux est claire : «Quel que soit le générateur des déchets médicaux et pharmaceutiques, la gestion de ces déchets comporte le tri à la source, l’emballage, le stockage et le cas échéant la collecte et le transport, le traitement et l’élimination de ces déchets.»
Pour Bouchra Abdou, «c’est l’Etat, les communes, les élus et le ministère de la Santé qui doivent s’activer à ce niveau là». En effet, acteurs associatifs et militants disent être dépassés, car «c’est au niveau des décideurs qui détiennent le pouvoir qu’il faut agir», ajoute notre interlocutrice.
La directrice de l’association Tahadi conclût en affirmant qu’«il faudrait poursuivre les hôpitaux et les cliniques». Selon la loi, ces délits sont passibles d’une amende de 10 000 à 2 000 000 de dirhams et d’une peine de prison allant de 6 mois à 2 ans.
yabiladi.com