Le Comité pour le respect des libertés et des droits humains en Tunisie (CRLDHT) monte au créneau pour dénoncer les récentes dérives du régime à l’encontre des migrants africains originaires des pays subsahariens.
Dans un communiqué publié le 29 mars, l’organisation appelle les autorités tunisiennes à « cesser de diffuser des discours racistes » et à mettre un terme aux « campagnes de violence, de déplacement et de détention menées par les forces de sécurité ».
Ce réquisitoire fait écho aux propos controversés tenus en février 2023 par le président Kais Saied, accusant sans preuve la présence de migrants d’Afrique noire d’être le fruit « d’un complot criminel visant à modifier la composition démographique » tunisienne. Depuis, comme le rapporte le CRLDHT, ces populations sont victimes d' »attaques brutales d’une violence extrême », de « déplacements forcés vers les frontières désertiques » ainsi que d' »arrestations dans les commissariats et les centres de détention, hors de tout cadre légal ».
L’affaire Christian Kwongang, ex-président de l’Association des étudiants et stagiaires africains incarcéré dans « une zone de non-droit », illustre ces persécutions dénoncées par les défenseurs des droits humains. Ceux-ci s’insurgent également contre « l’approbation de la plupart des gouvernements européens » qui ferment les yeux sur ces violations, voyant en la Tunisie « un barrage solide empêchant l’afflux de migrants ».
Le CRLDHT rappelle que « le mémorandum d’entente entre l’Union européenne et le président tunisien » signé en juillet 2023 « a coïncidé avec des crimes commis contre des migrants africains ». Un accueil financier européen perçu comme « un blanc-seing » selon les organisations qui dénoncent la complaisance des dirigeants du Vieux Continent « ne se souciant ni de la vie des migrants, ni de leurs droits ».
Face à cette dérive sécuritaire et raciste de la Tunisie, le Comité en appelle à la « mobilisation des organisations de part et d’autre de la Méditerranée » pour faire respecter « le droit international et les traités protégeant les droits des migrants ».
Kamel AIDOUNE