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Mohand Kacioui. Réalisateur d’un documentaire sur le Congrès mondial amazigh

– Parlez-nous un peu de votre film sur le Congrès mondial amazigh…

A travers ce film, je souhaite rendre hommage aux militants de Tamazgha. Le Congrès mondial amazigh est né de la nécessité pour beaucoup de citoyens et d’associations amazighes de se doter d’une structure de coordination et de représentation à l’échelle internationale, indépendante des Etats et des organisations politiques. Le documentaire revient sur les conditions de la naissance du CMA et sur son évolution jusqu’à son premier congrès à Tafira, dans l’archipel des Canaries.

Nous sommes allés à la rencontre des acteurs qui ont participé à la création du CMA, de ceux qui l’ont quitté et de ceux qui l’ont porté durant ses 20 années d’existence. D’une part, le documentaire s’organise autour d’entretiens avec une grande partie des protagonistes qui ont participé à la naissance du CMA et à son développement. Nous avons pu avoir accès aux nombreuses archives du CMA, constituées depuis son précongrès tenu en 1995 à St-Rome-de-Dolan, en Occitanie (sud de la France). Ces enregistrements historiques sont divulgués pour la première fois.

«Mon film est un hommage aux militants de Tamazgha»

– Comment avez-vous eu l’idée de réaliser ce documentaire ?

Comme on le constate aujourd’hui, avec l’actualité algérienne, la question amazighe reste au centre des débats. Je pense que pour avancer, il faut savoir d’où on vient, montrer tous les sacrifices des militants amazighs avant même la crise berbériste de 1949. La naissance du CMA reste, pour moi, l’un des actes fondateurs de Tamazgha. Harcelés, persécutés depuis des décennies, les militants qui travaillent à la sauvegarde et à la promotion de la civilisation amazighe ont dû affronter des Etats qui ont mis en place les moyens politiques, policiers, éducatifs et médiatiques dont ils disposent pour détruire tout lien entre les Nord-Africains et leur histoire.

Toute possibilité pour les Amazighs de se côtoyer était combattue. Tout était fait pour empêcher les Amazighs des Iles Canaries, du Rif, de l’Atlas, du Souss, de Kabylie, des Aurès, de Tunisie, de Libye ou du Sud de se rencontrer et de nouer des liens. Malgré cela, des militants de différentes régions amazighes ont cru, et croient encore, en une civilisation, une fraternité et une communauté de lutte qui dépassent ces Etats-nations qui œuvrent à imposer l’arabo-islamisme contre la vérité historique, anthropologique et la réalité actuelle de l’amazighité.

C’est pour cela que des militants ont pensé à créer une organisation transnationale qui puisse rassembler des acteurs du combat pour tamazight. Le Congrès mondial amazigh est né alors que le terrorisme islamiste frappait l’Algérie dans les années 1990, que les Touareg se rebellaient au Niger et au Mali et que la Libye et le Maroc continuaient à faire subir les humiliations les plus dures aux défenseurs de l’amazighité.

– Quelles sont vos perspectives dans le cinéma amazigh ?

Il reste tellement de choses à raconter sur tamazight et Tamazgha. Je veux faire un documentaire sur l’académie berbère, raconter cette fabuleuse histoire du drapeau berbère qui flotte aujourd’hui dans toute Tamazgha. Encore une fois, la récente actualité algérienne démontre cette présence de symboles unificateurs de Tamazgha. Raconter l’histoire du mouvement amazigh au Maroc et en Algérie. Faire parler des témoins précieux avant qu’ils ne nous quittent

 

Source , El Watan .

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