Dans son rapport rendu public ce lundi 30 septembre, l’ONU, au terme d’une procédure spéciale, a exigé des autorités judiciaires algérienne l’annulation de la peine prononcée à l’encontre de la poétesse du Hirak, Djamila Bentouis.
« La Cour d’appel algérienne doit annuler la peine d’emprisonnement de la poétesse du Hirak Djamila Bentouis et la blanchir de tous les chefs d’accusation, ont déclaré aujourd’hui des experts de l’ONU », lit-on dans le rapport onusien, établi par le groupe de travail contre la détention arbitraire de l’ONU, la rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, la rapporteuse spéciale sur la liberté d’opinion et d’expression, la rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, le rapporteur spécial sur les droits de l’homme et la lutte anti-terrorisme.
“Nous sommes outrés par la pratique du Gouvernement, consistant à museler un mouvement de contestation politique en arrêtant et détenant arbitrairement des personnes qui osent s’élever et s’exprimer”, ont dit les experts. Et d’ajouter « nous sommes profondément préoccupés par le maintien en détention de Mme Djamila Bentouis, la condamnation en juillet dernier à deux ans de prison et à 100.000 dinars algériens d’amende pour sa participation au mouvement de protestation sociale Hirak ».
Pour les experts onusiens les charges pénales retenues contre Mme Bentouis seraient directement liées à l’exercice de son droit à la liberté d’expression, y compris l’expression artistique et demandent par conséquent aux autorités algériennes de se conformer au droit international en « d’annuler sa condamnation et l’innocenter de toutes les charges qui pèsent sur elle »
« Par ses poèmes et chants patriotiques, Mme Bentouis a participé au Hirak. Ses textes ont été repris par les manifestants algériens. Mme Bentouis a également enregistré certaines chansons sur le Hirak, largement partagées sur les réseaux sociaux, et a l’habitude de réciter publiquement ses poèmes à Paris », rappelle le rapport en question.
Pour les auteurs du rapport, l’emprisonnement et la condamnation de Mme Bentouis, vise clairement à obtenir un effet dissuasif sur l’ensemble de la population.
L’Algérie semble sourde aux recommandations de l’ONU, faites en septembre 2023, d’abandonner toutes les poursuites à l’encontre et gracier les personnes condamnées pour l’exercice de leurs droits légitimes.
Les auteurs du rapport s’inquiètent également des accusations initiales de graves crimes que l’Algérie colle à la légère aux opposants et citoyens qui pratiques leurs droits légitime, tel que « l’atteinte à l’intégrité et à la sécurité de l’État et appartenance à une entité terroriste ».
« La poursuite de Mme Bentouis pour terrorisme en vertu de l’article 87 bis et d’autres infractions liées à la sécurité nationale dans le code pénal peut porter atteinte à la liberté d’expression et d’association en Algérie de manière plus générale. Cela pourrait particulièrement affecter les secteurs artistiques et culturels, les Algériens vivant à l’étranger et l’espace civique dans son ensemble », ont déclaré les experts de l’ONU, qui espèrent vivement que l’Algérie respectera ses obligations internationales en matière de droit à la liberté d’expression lors de la décision en appel de ce cas devant la cour de justice d’Alger, le 2 octobre 2024.