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L’Algérie intègre la NDB : Une victoire diplomatique et économique ?

L’Algérie a intégré, ce samedi 31 août, la nouvelle banque de développement des BRICS, à l’issue de la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de cette institution, tenue à Cape Town (Afrique du Sud). L’annonce a été faite le jour même par la présidente de cette institution monétaire, Mme Dilma Rousseff, avant d’être confirmée par un communiqué officiel du ministère algérien des Finances. Beaucoup se sont rapidement réjouis de cette nouvelle, y voyant une « énième réalisation économique et diplomatique du président Abdelmadjid Tebboune ». Mais qu’en est-il vraiment ? Décryptage.

À une semaine des élections présidentielles, cette décision de la NDB est, selon la version officielle du pouvoir, une énième victoire politique, diplomatique et économique d’une stratégie basée sur la clairvoyance et mise en place par l’homme providentiel.

Une version officielle destinée à l’opinion publique nationale :

« À l’issue de la 9e réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de la Nouvelle Banque de Développement (New Development Bank-NDB), tenue le samedi 31 août 2024 à Cape Town (Afrique du Sud), l’adhésion de l’Algérie à cette institution a été officiellement approuvée », a indiqué un communiqué du ministère algérien des Finances, diffusé via l’agence de presse officielle APS. Quelques heures auparavant, l’annonce avait été faite par la présidente de la NDB, lors d’une conférence de presse sanctionnant les travaux du Conseil des gouverneurs.

« Avec son adhésion en tant que membre de cette importante institution de développement, bras financier du groupe des BRICS, l’Algérie franchit une étape majeure dans son processus d’intégration au système financier mondial et devient ainsi le 9e pays membre de la NDB », souligne le ministère des Finances.

« Cette adhésion, fruit d’une évaluation “rigoureuse”, a été entérinée en grande partie grâce à la solidité des indicateurs macroéconomiques du pays, témoignant de la résilience de son économie », est-il mentionné dans le communiqué, peut-on encore lire sur la dépêche de l’APS.

« Les performances remarquables enregistrées ces dernières années, en matière de croissance économique, soutenues par des réformes multisectorielles, ont permis à l’Algérie d’être considérée, grâce aussi à son classement récent en tant qu’économie émergente de tranche supérieure, comme un partenaire fiable et dynamique au sein de cette institution », précise encore le communiqué.

« L’adhésion à la NDB offre désormais à l’Algérie de nouvelles perspectives pour soutenir et renforcer son essor économique à moyen et long termes, ajoute le ministère », peut-on lire dans le commentaire de l’APS, qui conclut avec une petite présentation de la NDB.

Qu’en est-il vraiment de l’intégration de l’Algérie aux BRICS+ ?

L’Algérie espérait, en 2023, pouvoir intégrer le puissant groupe économique créé pour faire face au puissant G7. Pour y arriver, l’Algérie misait sur l’excellence de ses relations avec trois des membres du bloc. Finalement, les BRICS avaient rejeté la demande d’adhésion de l’Algérie, préférant intégrer des pays à l’économie jugée plus solide : Iran, Égypte, Éthiopie, Émirats arabes unis, Arabie saoudite et Argentine. Finalement, l’Arabie saoudite, réputée proche des USA et du bloc concurrent des BRICS+, n’a toujours pas confirmé son adhésion, alors que l’Argentine a tout bonnement refusé d’adhérer au groupe, préférant un rapprochement avec la première puissance mondiale.

Le refus d’intégrer l’Algérie, qui avait déjà sorti le chéquier en plaçant 1,5 milliard de dollars dans la NDB, avait été perçu par l’opinion publique nationale comme une véritable défaite diplomatique et une énième humiliation sur la scène internationale. À la veille des élections présidentielles, considérées par de nombreux observateurs comme jouées d’avance et dont l’unique enjeu est le taux de participation, le pouvoir tente de faire croire qu’il s’agit d’un revirement des BRICS. Mais la réalité est toute autre. L’intégration à la NDB est un processus distinct et permet à des pays de devenir membres de cette banque sans nécessairement rejoindre le groupe des BRICS, contrairement à ce qu’on tente de faire croire à l’opinion publique nationale. L’adhésion à la NDB est assez simple et ne nécessite qu’une contribution financière, comme dans le cas de l’Algérie qui a placé 1,5 milliard de dollars dans cette banque. Par contre, l’intégration aux BRICS+ est plus complexe et implique une décision politique des membres existants. Les candidatures sont examinées et les nouveaux membres sont admis après un processus de négociation et de validation par les dirigeants des BRICS, car l’adhésion à ce bloc implique une participation active à la réforme des institutions financières internationales, la promotion du multilatéralisme et le renforcement de la position économique et politique des membres sur la scène internationale. L’adhésion au bloc permet également aux membres une influence plus significative dans les décisions géopolitiques, alors que l’intégration à la NDB vise à fournir et/ou recevoir des fonds pour le financement de projets structurants destinés à des économies en voie de développement, sans pour autant permettre une participation active aux décisions du groupe.

La décision d’intégrer l’Algérie à la nouvelle Banque de Développement (NDB) est du pain bénit pour le pouvoir algérien qui tente de faire croire à de nombreuses victoires virtuelles sur les plans diplomatique, politique et économique. Des victoires qui pourraient justifier un bilan positif pour le président « sortant » qui sera, sauf surprise, réélu à la majorité absolue (et écrasante) le 7 septembre.

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