Site icon Afrique du Nord News

Karim Tabbou : le dossier judiciaire du fils du chef de l’Etat a connu un dénouement rapide

Karim Tabbou

𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞, 𝐣’𝐚𝐢 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐢 𝐜𝐞 𝐥𝐮𝐧𝐝𝐢 𝟐𝟒 𝐦𝐚𝐫𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟓 𝐥’𝐨𝐛𝐥𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐢𝐠𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐠𝐢𝐬𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐨̂𝐥𝐞 𝐣𝐮𝐝𝐢𝐜𝐢𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐮 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐚𝐬𝐞𝐫𝐧𝐞 𝐫𝐞𝐥𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫𝐞.

𝐔𝐧𝐞 𝐨𝐛𝐥𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 « 𝐣𝐮𝐝𝐢𝐜𝐢𝐚𝐢𝐫𝐞 » 𝐪𝐮𝐢 𝐝𝐮𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐩𝐮𝐢𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐢𝐬.

Pour avoir participé à un débat politique et exprimé mon opinion personnelle sur la problématique démocratique au Maghreb lors d’un débat sur la chaine El Magharibia avec l’ancien président tunisien M. Moncef El Merzouki, je suis poursuivi en justice et mis sous contrôle judiciaire lequel dure depuis 22 mois.

J’avais soutenu dans ce débat que « 𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒆́𝒈𝒊𝒎𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒓𝒆́𝒈𝒊𝒐𝒏, 𝒅𝒆 𝒏𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆 𝒎𝒊𝒍𝒊𝒕𝒂𝒓𝒊𝒔𝒕𝒆, 𝒄𝒂𝒓𝒂𝒄𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒂 𝒑𝒓𝒆́𝒆́𝒎𝒊𝒏𝒆𝒏𝒄𝒆 𝒅𝒖 𝒔𝒆́𝒄𝒖𝒓𝒊𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒔’𝒂𝒑𝒑𝒖𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒔𝒖𝒓 𝒖𝒏𝒆 𝒑𝒐𝒍𝒊𝒄𝒆 𝒑𝒐𝒍𝒊𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒐𝒎𝒏𝒊𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒏𝒕𝒆 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒎𝒂𝒊𝒏𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝒑𝒖𝒃𝒍𝒊𝒒𝒖𝒆 ».

Ces propos qui font écho à une idée largement soutenue durant le Hirak m’ont valu une arrestation musclée et de graves accusations assorties d’une obligation de signature sur le registre de contrôle judiciaire au niveau d’une caserne relevant de la sécurité intérieure. Autres mesures qui me sont infligées : confiscation de mon passeport, interdiction de quitter le territoire national, interdiction d’écrire ou de diffuser sur les réseaux sociaux et interdiction de participation aux activités politiques où médiatique.

Je me retrouve ainsi accusé injustement d’outrage aux forces de l’ordre, d’offense au président de la République, d’outrage à corps constitué et de propagation de fausses informations de nature à porter atteinte à la sécurité publique !

L’ordonnance de renvoi du juge d’instruction devant le tribunal correctionnel date du 07 janvier 2024. Elle a fait l’objet d’un appel du procureur de la République. 22 mois se sont écoulés et l’instruction est toujours au point mort, au mépris de toutes les procédures pénales et les délais judiciaires. Le juge d’instruction en charge du dossier n’y peut visiblement rien, attendant sans doute les ordres d’en haut.

Tandis que ces affaires trainent, que le pouvoir maintient délibérément comme moyen de pression sur les militants politiques de l’opposition, celles touchant aux intérêts et au personnel du pouvoir sont traitées avec célérité et souvent pour des verdicts bien arrangés !

Le dossier judiciaire du fils du chef de l’Etat a connu un dénouement rapide. L’issue étant connue, le présumé a obtenu un non-lieu et les procédures n’ont duré que quelques jours ! Il s’agit bien sûr du fils du premier magistrat du pays

Dans cet ordre d’idées, les délais impartis à l’instruction du dossier de M. Boualem Sensal, la programmation et le déroulé de son procès laissent à penser que sa libération, sur une décision politique, est imminente. Une éventualité qui ne fera que conforter de nouveau l’idée que la justice en Algérie est loin d’être indépendante, comme le proclament les tenants du pouvoir. Non seulement, elle est sujette à manipulations et aux instrumentalisations, mais elle obéit aux injonctions !

Il est bien clair que lorsqu’il s’agit des intérêts du pouvoir, la justice s’y conforme et les procédures légales n’y comptent nullement. Elles ne servent, en définitive, que de couverture légale.

Je profite l’occasion de ce billet pour rendre un hommage vibrant et sincère aux avocats de la défense qui se sont battus durant toutes ces épreuves des arrestations, aux côtés de tous ceux nombreux qui subissent les poursuites judiciaires ainsi qu’aux côtés des détenus et de leurs famille.

𝐉𝐞 𝐫𝐞́𝐢𝐭𝐞̀𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐛𝐬𝐨𝐥𝐮 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥’𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐭𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐝’𝐨𝐩𝐢𝐧𝐢𝐨𝐧𝐬

Gloire à nos martyrs

𝐊𝐚𝐫𝐢𝐦 𝐓𝐚𝐛𝐛𝐨𝐮

Alger, le 26 mars 2025

Quitter la version mobile