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Interdiction du port de l’emblème Amazigh, un virage dangereux

Á quelques jours de la marche du 18ème vendredi, le chef d’état-major a usé d’un ton menaçant contre le port de tout emblème autre que l’emblème national durant les marches et déclare avoir donné des instructions fermes aux services de sécurité pour appréhender quiconque enfreindrait cet ordre.

La réponse de la rue algérienne au délire du général fut cinglante et spectaculaire. Des millions de citoyennes et de citoyens de toutes les régions du pays ont hissé avec fierté l’emblème amazigh. La manœuvre de diversion et de division a vite été déjouée.

Seulement, dix-sept manifestants sont violemment arrêtes et la justice vient de les placer sous mandat de dépôt. Ils sont accusés de « port d’un emblème autre que le drapeau national de nature à porter atteinte à l’unité nationale ».

Cette décision est frappée d’abus et d’arbitraire car dépourvue de tout ancrage légal. En effet, cette infraction n’existe nulle part dans la loi pénale. L’intitulé du chef d’accusation est une reprise intégrale des propos du chef d’état-major. Le magistrat auteur de cette qualification s’est arrogé une prérogative législative au mépris du principe de la séparation des pouvoirs. Pire, il s’est soumis à une injonction émanant d’une autorité non habilitée constitutionnellement en la matière.

Ces arrestations procèdent d’une motivation politique. Elles ont tout l’air d’une offrande sacrificielle destinée à satisfaire les instincts tyranniques d’un pouvoir résiduel en quête d’autorité. Cet acte est à inscrire dans les pages les plus sombres du palmarès déjà peu glorieux de la justice algérienne.

Atteinte à l’unité nationale dites-vous ? Parlons-en.

L’atteinte à l’unité nationale c’est l’obsession incessante à vouloir effacer les origines et à répudier les ancêtres pour faire de l’Algérie un pays sans trace et sans horizon.

L’atteinte à l’unité nationale c’est la persécution du Mzab et l’assassinat planifié de Fekhar. C’est les propos racistes proférés inlassablement contre la Kabylie. C’est la stigmatisation des Chaouis et l’exclusion des Touareg.

L’atteinte à l’unité nationale c’est accepter les velléités tutélaires émiratie et saoudienne et accéder sans aucune forme de résistance aux désidératas des puissances mondialistes.

L’atteinte à l’unité nationale c’est l’exclusion de la femme et l’écrasement des démunis. C’est la destruction de l’école, de l’économie et du service public. C’est la perversion de la religion, la falsification de l’histoire, la corruption et la destruction de l’environnement.

Bref, pour les détenteurs du pouvoir et leurs relais politique, sécuritaire et judiciaire, l’unité nationale est synonyme de plébiscite de l’ordre en place. Pour le citoyen, c’est la communion dans l’idéal de libération. Deux conceptions irréconciliables.

Le peuple algérien est en marche pour arracher son émancipation. Rien ne saurait le détourner de cet objectif. Le défi est majeur. Mais la victoire est certaine.

La libération de tous les détenus d’opinion est l’affaire de tous. On ne peut se battre pour le départ du système autoritaire et accepter sans réagir les atteintes aux droits de l’homme. C’est un seul et même combat.

Par Djamel Zenati

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