À l’heure où l’extrême droite française gagne en influence, la communauté franco-algérienne se trouve à la croisée des chemins. Entre inquiétude et pragmatisme, ces citoyens repensent leur identité et leur avenir dans une France en pleine évolution politique.
Les récentes élections européennes en France ont mis en lumière une progression significative de l’extrême droite, suscitant des inquiétudes au sein de la communauté franco-algérienne. Le succès du Rassemblement national (RN) lors du scrutin du 9 juin a ravivé des débats sur l’immigration et l’intégration, touchant particulièrement les Français d’origine algérienne.
La dissolution subséquente de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron et l’organisation de législatives anticipées accentuent les interrogations sur l’évolution du paysage politique français.
Pour la communauté franco-algérienne, l’une des plus importantes diasporas en France, ces développements soulèvent des inquiétudes profondes. Le RN a depuis longtemps fait de l’immigration, en particulier celle en provenance du Maghreb, l’un de ses chevaux de bataille. Parmi les mesures phares annoncées par le parti figure la suppression du droit du sol, un principe fondamental du droit français qui permet l’acquisition de la nationalité française à la naissance ou à la majorité pour les enfants nés en France de parents étrangers.
Cette proposition, si elle venait à être mise en œuvre, aurait des répercussions majeures sur la communauté franco-algérienne. Elle remettrait en question le statut de nombreux jeunes issus de l’immigration, nés et élevés en France, mais dont les parents sont d’origine algérienne. Au-delà de son impact juridique, une telle mesure enverrait un message fort d’exclusion à une partie de la population française.
Le RN ne s’arrête pas là dans ses propositions. Le parti prône également l’abrogation des accords bilatéraux de 1968 entre la France et l’Algérie, qui régissent notamment les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens en France. Cette mesure, justifiée par le parti comme un moyen de lutter contre l’immigration clandestine, est perçue par beaucoup comme une attaque ciblée contre la communauté algérienne.
Les prochaines législatives françaises seront donc scrutées avec attention par la communauté franco-algérienne. L’issue de ces élections pourrait influencer significativement les choix de vie et les stratégies d’adaptation de cette communauté face à un paysage politique en mutation. Au-delà des enjeux électoraux, c’est la capacité de la société française à maintenir sa cohésion et à garantir l’égalité de tous ses citoyens qui est en jeu.
SAMIR L.