Après un long black-out sur l’échec retentissant de l’Algérie à adhérer au bloc des Brics, une version « officieuse » vient de donner quelques éclaircissements via l’un des canaux officiels de communication de l’Etat. En effet, dans son édition du 28 septembre, le quotidien public El Moudjahid, vient de donner la version « officieuse » de l’Etat algérien, en citant une « source gouvernementale très au fait de ce dossier ».
Dans son article, signé par Brahim Takheroubte, El Moudjahid tente de répondre aux « chuchotements annonçant l’Algérie en pole position dans le futur élargissement des Brics ».
« Pour l’heure, Alger observe, serein, le manège, mais pas indifférent, voire surpris par cette démarche, car, pour les autorités algériennes, le dossier de l’adhésion aux Brics est clos. Mieux encore, « l’Algérie a définitivement tourné la page, même si elle est membre de la banque des Brics », a tranché une source gouvernementale très au fait de ce dossier », lit-on sur l’article en question, qui affirme que les raisons ayant poussé l’Algérie à tourner le dos à ce conglomérat sont à la fois « simples et logiques ».
« Quand, en août 2023, le sommet de Johannesburg s’est conclu par l’adhésion de six nouveaux membres (l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran), absolument aucun argument plausible n’a été avancé pour justifier l’élimination de l’Algérie. À la surprise générale, le dossier Algérie a été retiré à la dernière minute », précise encore El Moudjahid, avant de dénoncer une « incohérence flagrante, tant sur le fond que sur la forme ».
« Cette organisation, censée remettre en question un ordre mondial établi représenté par le FMI et la Banque mondiale, devrait agir avec une approche plus inclusive. Or, elle adopte une logique de sélection absurde, limitant aussi bien son impact que sa portée. Au lieu de ratisser large et d’apporter des solutions globales, elle se contente d’une démarche restrictive », lit-on encore sur ledit article, qui se questionne sur la crédibilité des Brics, tout en estimant que « l’Algérie est de très loin mieux lotie que plusieurs pays admis à l’organisation ». Le journal public rappel les derniers rapports du FMI et de la banque mondiale, qui ont salué les performances économiques de l’Algérie, tout en traitant les Brics de « champions autoproclamés de l’alternative économique mondiale ». L’auteur de l’article juge que « cette cécité n’a rien de mystérieux, c’est même un secret de Polichinelle ».
Les Emirats arabes unis responsables de l’échec algérien
C’est sans surprise que la voix officieuse du régime algérien a pointé du doigt, sans les nommer, les Emirats arabes unis comme responsables pour justifier l’échec du pouvoir à aller au bout de ses ambitions.
« La vérité est qu’un pays membre des Brics, obéissant à des intérêts mesquins bien loin de la rigueur économique, a mis son veto avec une insistance presque théâtrale, empêchant ainsi l’adhésion de l’Algérie. Et pour couronner le tout, ce pays agit, non pas par conviction, mais sous les ordres d’un modeste émirat du Golfe, qui orchestre en coulisses une pression aussi sournoise que «stratégique» sur le reste des membres, veillant à ce que l’Algérie soit éliminée », affirme encore El Moudjahid, pour qui « dans les coulisses des Brics, la géopolitique prend des allures de comédie bien huilée ». « Reste-t-il encore une raison, juste une seule, pour répondre à l’appel du pied des Brics ? », se demande encore l’auteur de l’article.
L’exclusion de l’Algérie répondrait, selon la version officieuse du régime algérien, résulterait « moins de critères économiques que de manœuvres politiques ».
« Cette incohérence révélera sans doute, à terme, les limites d’un bloc qui prétend remodeler l’ordre économique mondial, mais qui, en réalité, est lui-même prisonnier de ses propres calculs. Au-delà des slogans, l’intégration dans les Brics repose sur des logiques bien éloignées de la seule excellence économique », lit-on sur le même article, qui affirme que l’Algérie reste continuera de « défendre ses choix avec ses alliés des Brics dans d’autres cadres, comme le Conseil de sécurité de l’ONU, le groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés ».
L’article conclut en clôturant définitivement toute possibilité d’une adhésion aux Brics, puisque l’Algérie « fidèle à ses principes, ne pourra plus faire partie de cette organisation, la page est définitivement tournée ».