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Des cinéastes algériens dénoncent la censure et le monopole de l’État

Le cinéma algérien, s’il en existe encore est dans un état alarmant. En plus de la fermeture des salles obscures, de la maigre et médiocre production et l’absence du public, s’ajoutent les lois liberticides et répressives instaurées par l’ex-ministre de la Culture Khalida Toumi en 2010. Ces lois qui sont devenues l’épée de Damoclès au-dessus des têtes des cinéastes, des réalisateurs et des producteurs. La censure, les tracasseries administratives et le refus d’aides financières à ce secteur tombent toujours sur toute initiative qui sort de la voie tracée par les gardiens du temple.

Khalida Toumi, l’ex-ministre de la Culture.

Selon El Watan édition du 19 avril 2011, la nouvelle loi relative à la cinématographie qui avait été adoptée par le Parlement ne cesse de susciter la colère des cinéastes en Algérie.

L’article 6 de la nouvelle loi relative à la cinématographie, qui soumet la production de films sur la guerre d’indépendance à l’approbation des autorités politiques, est considéré par de nombreux réalisateurs algériens comme « un retour au monopole de l’État sur la production cinématographique ». À ce sujet, le producteur Bachir Derrais a fait savoir mardi dans une déclaration à l’APS qu’il est la « première victime de cet article » en évoquant son projet de long métrage sur Larbi Ben M’hidi.

Bachir Derrais estime que l’article pénalise les cinéastes, surtout, ajoute-t-il qu’il reste « vague » sur la partie apte à délivrer l’autorisation. « On est les otages de la nouvelle loi, ne sachant plus à qui s’adresser, car deux ministères, celui de la Culture et celui des Moudjahidine, réclament, chacun, un droit de regard sur les films portant sur la guerre de libération nationale », s’indigne ce producteur qui projette de tourner un film sur la vie de Ben M’hidi.

Suite au dépôt du projet de ce long métrage, une « fiction », précise-t-il, il s’est vu proposer une offre de produire la totalité du film par le ministère des Moudjahidine qu’il a déclinée, nous apprend encore à ce propos l’APS.

« Accepter de se faire produire par un organe de l’État, ouvrirait les portes de l’ingérence de ce dernier dans le contenu du film », se justifie de son côté Bachir Derrais. Ce producteur se soucie, en outre, de la « carrière » d’un film produit par un ministère quand il s’agira de son exploitation et de sa présentation dans les festivals, avant de mettre en garde contre « le risque de le mettre (le film) dans un tiroir et le condamner à l’oubli ».

De son côté, Ahmed Rachedi, réalisateur et producteur de plusieurs documentaires et de fictions sur la guerre de Libération, relève que les autorisations pour les films traitant de la guerre de libération nationale « existaient avant la nouvelle loi ». Toutefois, aujourd’hui, les nouveaux textes vont encore, précise-t-il mardi à l’APS, consacrer davantage « la censure et le monopole de l’État sur la production cinématographique ».

Selon El Watan

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