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Ce fou de Tebboune

Par Nour-Eddine Boukrouh

‎« Le taux de participation ne m’intéresse pas. Ce qui m’importe est que ceux qui sortiront de l’urne ‎détiennent la légitimité populaire qui leur permettra demain d’exercer le pouvoir législatif » ‎‎(Abdelmadjid Tebboune).‎

‎« La haine et la violence civile se justifient à l’égard des dirigeants quand on ne peut pas les changer ‎ou infléchir leurs décisions » (Emmanuel Macron).‎

Abdelmadjid Tebboune a échappé à la prison grâce au général Gaïd Salah, chef d’état-major de ‎l’armée, qui en fit d’autorité le président putatif de la République en pensant qu’avec lui il tiendrait ‎plus sûrement l’Algérie. Il décéda quarante-huit heures après la prestation du serment présidentiel ‎par son poulain dont le fils était en prison depuis plusieurs mois.‎

Un autre général, chef des services secrets au moment de l’élection présidentielle, avait jeté son ‎dévolu sur un autre candidat qui, quelques heures avant la proclamation des résultats, avait été ‎annoncé comme le gagnant. Quelques semaines plus tard ce général était condamné pour trahison ‎par la justice militaire et dégradé au rang d’homme de troupe. Quant à son cheval de course, un ‎certain Mihoubi, il a disparu du paysage politique et attend son tour de comparaître devant la ‎justice pour de présumés faits de corruption. ‎

Voilà ce qu’on peut lire sur la première page de l’histoire de la « nouvelle Algérie ». Jamais dans ‎l’histoire des nations une telle proximité entre la prison et le sommet de l’Etat n’a été constatée. ‎

Moins d’une année après son intronisation le Covid 19 frappait Tebboune, le mettant entre les ‎mains de la mort. La médecine allemande réussit à l’en arracher et à le remettre sur pied, mais nul ‎ne pouvait imaginer qu’un impondérable, dû au Covid 19 ou à autre chose, allait le livrer à un sort ‎peut-être pire, celui de la folie, car mieux vaut perdre la liberté et la vie que la faculté du ‎discernement qui prive de leur jouissance. ‎

C’est alors qu’apparurent les premiers symptômes du « delirium tremens » chez Teboune qui s’est ‎mis à voir dans le « Hirak » une procession populaire mise en branle par Dieu pour le sacrer Aguellid ‎‎(roi) de la Berbérie, mais qui devait se disperser après les cérémonies pour retourner à sa vocation ‎de masse taillable et corvéable à merci.

Or, à sa stupéfaction, elle ne désempara pas. De « béni », le ‎Hirak qui l’a incidemment porté au pouvoir devint « honni » parce qu’il voulait le lui enlever.‎

Quand on n’est que simple quidam, devenir fou est un malheur inconsolable. Mais quand on est le ‎chef d’Etat du plus grand pays d’Afrique, le problème prend les proportions d’une menace ‎nationale et d’une source de désordre international. Ce n’est plus le sort d’un homme qui est en ‎jeu, mais celui d’une nation et de son voisinage.‎

Je passe sur sa déclaration attribuant vaniteusement à l’Algérie la possession du ‎‎« meilleur système de santé d’Afrique » avant d’aller passer trois mois dans un hôpital allemand, ‎ainsi que sur son estimation à 80% le taux de récession enregistré par les grandes ‎économies du monde, allégations qui ont jeté un doute sur son état de santé mental.

Mais lorsque ‎le monde entier l’entendit proférer le 12 juin 2021, jour de la tenue des élections législatives, les ‎propos rapportés plus haut, le doute sur sa cohérence mentale n’était plus permis. ‎

C’est la preuve formelle que l’homme a été ébranlé intellectuellement, qu’il ne sait plus ce qu’il dit ‎malgré l’aplomb qu’il y met, qu’il a atteint le stade de confusion où la logique est renversée jusqu’à ‎faire prendre la minorité pour la majorité et vice-versa.

Il en est à déclarer en public qu’on peut ‎être « élu » sans vote, que le nombre des votants n’a rien à voir avec la « légitimité », ajoutant ‎avec fierté qu’il puise sa certitude d’être sur la bonne voie dans le fait que la majorité du peuple va ‎dans la direction opposée. ‎

Les choses se sont embrouillées dans son esprit à telle enseigne qu’il ne distingue plus entre les lois ‎de la nature et ses desiderata. Il balaie d’un revers de main l’arithmétique élémentaire, s’emmêle ‎les pinceaux dans les taux, dénie toute utilité aux statistiques, défie le sens commun et piétine la ‎morale politique.  ‎

Peut-on sensément parler de « légitimité populaire » quand 30% d’un peuple disent « Oui » à ‎quelque chose et 70% « Non » ? C’est ce dernier taux et non le premier qui confère la légitimité, ‎sinon ce serait le monde à l’envers. Mais Tebboune n’en a cure, ne s’en rend pas compte, d’où ‎l’impression de sincérité qui se dégage de lui au moment où il débite ces paroles incohérentes.‎

Il a refoulé le souvenir qu’il a été élu par une minorité d’électeurs (4,9 millions sur 24,5), que la ‎Constitution de la « nouvelle Algérie » qu’il a soumise à référendum a été rejetée par les quatre-‎cinquièmes du corps électoral, que l’instance législative qu’il veut mettre en place coûte que coûte ‎n’a recueilli au mieux que 30% des voix inscrites, refusant de voir le verre rempli à 70% de « Non ». ‎

En réalité il n’y a pas eu 30% de participation à ce scrutin, mais au maximum la moitié comme cela va ‎s’avérer dans les prochains jours.

Ce n’est pas le plus important avec Tebboune qui s’en moque, et ‎il ne sert à rien de chercher à pinailler avec lui, d’essayer de lui faire entendre raison, de critiquer ‎ses décisions ou de lui intenter un procès en dictature.

Il ne connait plus le sens des mots, il est ‎inaccessible au dialogue, il n’entend que sa voix et plane délicieusement dans l’apesanteur du ‎monde à l’envers. Dit en langage courant, Il est devenu fou. ‎

Un fou qui, au regard du poste qu’il occupe, peut à tout moment devenir un Néron algérien. Que ‎ne redouter de lui après qu’il a accepté que la Kabylie soit exclue de la représentation nationale ? ‎Tout et pire. Même s’il n’avait fait que cela, c’est assez pour mériter d’être camisolé et reclus à vie ‎dans un asile pour aliénés mentaux.

Maintenant il signe à tour de bras des ordonnances rendant ‎passible de poursuites judiciaires pour terrorisme toute contestation de ses errements, et la justice ‎n’est plus rendue au nom du peuple mais d’une minorité allant à l’encontre de la volonté de la ‎majorité du peuple.‎

Il y a moins d’une semaine il confiait à la chaîne « Aljazeera » que l’Algérie serait intervenue ‎militairement en Libye si les troupes de Haftar étaient entrées à Tripoli. Je n’y crois pas ‎personnellement.

Il devait se rêver en maréchal Rommel allant à la rencontre du maréchal-ferrant ‎Haftar, oubliant qu’une demi-douzaine d’armées étrangères y bivouaquaient depuis belle lurette ‎‎(Russes, Ottomans, Emiratis, Qataris, Egyptiens, Européens…), sans parler des milices locales et des ‎mercenaires venus de toute part.

A moins qu’il n’entre dans ses intentions de déclencher un de ces ‎jours une guerre mondiale où le rôle le plus glorieux lui échoirait.‎

S’il se confirme que son empressement à mettre en place l’instance législative répond à un ‎engagement secret (remplacer ou renforcer la force Barkhane au Sahel par des unités de l’ANP) qui ‎attend d’être entériné par les deux-tiers du parlement, cela reviendrait à dire aux 70% d’Algériens ‎passant aux yeux de Tebboune pour la minorité qu’ils n’ont plus qu’à aller fonder ailleurs une autre ‎Algérie. Ne serait-il pas plus simple, plus logique et plus économique que ce soit lui qui aille voir ‎ailleurs ?‎

Par ses déclarations irresponsables, insensées et d’une stupidité jamais égalée à ce niveau, par son ‎entêtement à continuer d’aller systématiquement à contre-courant du sens commun et de la ‎volonté populaire, Tebboune fait courir au pays des dangers extrêmement graves.‎

Les pays ne meurent pas comme les hommes. Ils ne disparaissent pas subitement un jour corps et ‎âme. Ils meurent d’une autre façon, dans le grabuge ou d’une lente dégradation des conditions de ‎vie de leurs habitants, de la dislocation de leur économie, de leur division en partisans et ‎adversaires du pouvoir, de l’assassinat en eux de l’espoir d’une vie moderne…‎

Que faire, à la fin des fins, pour ramener à la raison un président en exercice devenu fou ? Que ‎reste-t-il au peuple algérien à envisager pour « infléchir les décisions » de dirigeants qu’il n’a pas ‎réussi à « changer » par des voies et moyens pacifiques ? Ecouter la sentence du président ‎Macron ? Il est l’unique soutien international déclaré de ce fou de Tebboune.‎

Par Nour-Eddine Boukrouh

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