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Burkina Faso : massacres de civils et exactions contre les Peuls

Le capitaine Traoré

Le chef de la junte militaire, le capitaine Traoré.

La situation sécuritaire au Burkina Faso continue de se détériorer, avec une recrudescence alarmante des violences contre les civils. Les derniers événements survenus dans la région de Solenzo, dans l’ouest du pays, ont choqué la communauté internationale et suscité de vives inquiétudes quant au respect des droits humains dans le pays.

Le massacre de Solenzo

Le régime du capitaine Traoré s’enfonce dans un cycle infernal de violence et de répression de civils. Entre le 10 et le 11 mars 2025, un massacre d’une ampleur considérable a été perpétré dans les environs de Solenzo, dans la province de Banwa. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont révélé des scènes d’une violence extrême, montrant des dizaines de corps sans vie, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, gisant au sol, pieds et mains liés.

Selon les témoignages recueillis, les victimes seraient en majorité des membres de la communauté peule, accusés de collusion avec les groupes djihadistes qui sévissent dans la région2. Les auteurs présumés de ces atrocités seraient des militaires du 18e Bataillon d’intervention rapide (BiR) et des membres des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), une milice civile soutenue par l’État.

Réactions et demandes d’enquête

L’organisation Human Rights Watch (HRW) a rapidement réagi en appelant la junte militaire au pouvoir à mener une enquête approfondie sur ces événements. HRW a identifié au moins 58 victimes sur les images diffusées, tout en soulignant que le bilan réel pourrait être bien plus lourd.

Ilaria Allegrozzi, chercheure spécialiste du Sahel à HRW, a dénoncé « l’absence systématique de responsabilité » des forces pro-gouvernementales et exigé des sanctions contre les auteurs de ces exactions.

Violence généralisée

Ce massacre s’inscrit dans un contexte de violence généralisée qui frappe le Burkina Faso depuis plusieurs années. Depuis 2015, le pays est en proie à des attaques djihadistes qui ont fait plus de 26 000 morts, dont la moitié depuis le coup d’État de septembre 20223.

Les groupes armés islamistes, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), ont également commis de nombreuses atrocités contre les civils. En août 2024, une attaque attribuée au GSIM dans la région du Centre-Nord avait fait au moins 133 morts parmi des civils1.

Réponse controversée des autorités

Face à ces accusations, le gouvernement burkinabè a rejeté en bloc les allégations de massacre, qualifiant les images diffusées de « manipulation visant à discréditer les forces combattantes ». Le Premier ministre Jean-Emmanuel Ouédraogo a affirmé que des opérations militaires majeures étaient en cours pour lutter contre les groupes djihadistes dans la région3.

Cette réponse des autorités soulève des inquiétudes quant à la volonté du gouvernement d’enquêter de manière impartiale sur ces allégations de crimes graves.

Les massacres de civils au Burkina Faso, qu’ils soient perpétrés par des groupes armés ou par des forces gouvernementales, témoignent de l’escalade dramatique de la violence dans le pays. La communauté internationale appelle à une enquête transparente et à des mesures concrètes pour protéger les populations civiles, prises en étau entre les différents acteurs du conflit. L’impunité qui semble prévaloir pour les crimes commis par toutes les parties ne fait qu’alimenter le cycle de la violence, menaçant davantage la stabilité déjà précaire de la région sahélienne.

La rédaction

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