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Attaque meurtrière à Tin Zaoutine : Alger opte pour la coercition militaire

Après plusieurs mois de crise diplomatique avec Bamako et de passes d’armes dans les enceintes onusiennes, et suite au grave dérapage de l’attaque de Tin Zaoutine, qui a causé 21 morts parmi les civils, dont 11 enfants, dimanche 25 août 2024, Alger a décidé de hausser le ton contre la junte militaire malienne.

Jusqu’ici, l’Algérie avait préféré agir sereinement. Mais les nombreuses dérives de la junte militaire malienne, arrivée au pouvoir grâce à un coup d’Etat, a obligé l’Algérie à hausser le ton, tout d’abord diplomatiquement, puis militairement.

Selon des informations rapportées par le journal français L’Opinion, l’Algérie se serait « lancée dans la dissuasion opérationnelle à l’égard des autorités maliennes. Un chasseur Su-30 de l’armée de l’air algérienne a décollé le 27 août au matin de la base de Tamanrasset après avoir détecté une menace à la frontière du Mali. L’appareil a lancé des signaux d’avertissement à l’attention d’un drone turc TB2 qui survolait la zone, l’incitant à battre en retraite ». L’Opinion qui cite une « source proche des renseignement algérien précise qu’ « avoir des Su-30 aux abords des frontières est une constante opérationnelle de veille sécuritaire. Un radar a sûrement détecté la présence de ce drone. Et un appareil a dû être envoyé pour sécuriser l’espace aérien ».

Passe d’armes au Conseil de sécurité de l’ONU

L’Algérie ne pouvait pas rester de marbre alors qu’à quelques mètres de ses frontières, 21 civils ont été tués, dont 11 enfants et des dizaines de blessés. Le cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), avait dans son communiqué informé l’opinion publique de l’Azawad et internationale « que ce dimanche 25 août 2024, l’armée de la junte malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner, dans la poursuite du projet d’épuration ethnique ciblée instruit par la junte de Bamako, ont exécuté plusieurs frappes de drone venu du Burkina Faso à Tinzaouatine, à quelques mètres du territoire algérien ».

De son côté « Bamako assure avoir ciblé des terroristes en réponse à l’embuscade tendue dans la région fin juillet. Wagner et les troupes maliennes y avaient perdu des dizaines de soldats », rappelle le média français. « Depuis la reprise des grandes bases militaires de l’extreme nord par le pouvoir, les ex-rebelles mènent des actions de guérilla contre les Fama. Or Alger a toujours veillé à ne pas subir de débordements sécuritaires venant de chez son voisin. Le président Tebboune a renforcé la présence de l’armée à la frontière commune, longue de 1300 kilomètres », précise encore la même source.

Cette escalade de la violence de l’armée malienne, avec l’aide des mercenaires russes de Wagner, représente une grave menace pour la sécurité algérienne.

Ce lundi 26 aout, dans son intervention à l’occasion du 75e anniversaire de l’adoption des conventions de Genève, le représentant permanant de l’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, a mis l’accent sur le danger que représente l’utilisation des technologies (drones) contre les civils, et les armées privées ; une allusion claire aux mercenaires de Wagner. M. Bendjama a, par ailleurs réclamé des sanctions à l’encontre de « ceux qui appuient ou ont appuyé sur le bouton pour lancer cette attaque » et qui « ne sont soumis à aucune interpellation d’aucune partie ». « Au sein du conseil de sécurité et à l’assemblée générale, on a essayé et on essayera de parvenir à une formule qui va conduire à des sanctions de tels actes qui violent le droit humanitaire », a poursuivi le représentant algérien.

De son côté, le représentant permanent du Mali à l’ONU a accusé M. Bendjama de colporter des fausses informations.

Sous influence marocaine et émiratie ?

L’Algérie n’a jamais caché son hostilité vis-à-vis des ingérences étrangères en Afrique, surtout quand il s’agit d’un pays avec lesquels elle partagent de longues frontières. D’autant plus que les ingérences étrangères ne sont jamais favorables aux intérêts africains. L’Opinion a, en outre, confirmé l’information rapporté par le site d’informations « Africa Intelligence », selon laquelle Lounes Magramane, SG du MAE algérien aurait demandé au vice-ministre russe des Affaires étrangères, lors de la troisième session des consultations politiques algéro-russes à Moscou, « d’intercéder auprès de Bamako pour ne plus frapper à sa frontière ».

Mais le fossé entre Alger et Bamako ne cesse de se creuser surtout depuis le rapprochement du Mali avec le Maroc et les Emirats arabes unis. Ces derniers semblent avoir, une influence grandissante sur une junte militaire de plus en plus isolée dans la région.

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