Des berbères/ amazighs en France
Quand on évoque les amazighs, on est vite amené à s’interroger sur quelques aspects de cette « communauté » ce qu’elle est advenue, sa caracrérisation, séparer le bon grain de l’ivraie et distinguer entre cliché et réalité , aussi ce qui va suivre sera une grille de lecture parmi d’autres, fondée sur des faits observés
Amazighs ou berbères ? Mythes ou réalités ? Une communauté de quoi ? Quels Intérêts communs ? Quel idéal commun ? Quels horizons communs? Quelle Tamazgha ? Quel projet économique et/ou politique commun ? Quelle cohérence entre les discours et le vécu ? Quelle conscience collective ?
Toutes ces questions méritent d’être reposées et repensées.
En 2013, il y a eu le rapport du Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, qui établit les locuteurs berbères dans l’Hexagone (avec ses variantes kabyle, chleuh, rifain, chaoui) à 1, 5 et 2 millions de personnes. Je me demande à quoi rime ce chiffre !
Permettez-moi de restituer quelques-uns de mes constats
Cette situation illustre des permanences et des ruptures
Pour commencer, les « amazighs » est un vocable utilisé par commodité de langage, en vérité chacun utilise le nom de son groupe d’appartenance (kabyle, chleuh , rifain, chaoui, targui,…)
Cet usage relève d’une vision idéalisée, sublimée par le temps et la distance, pour marquer la singularité dans le cadre de la société d’accueil. Dans les faits, les amazighs n’existent qu’à l’étranger, d’une part, et ils entretiennent un rapport complexe à l’amazighité.
Le mimétisme postcolonial,
Les amazighs se présentent, dans les faits, comme des isolats, des groupes indépendants les uns des autres, fortement attachés à leurs particularismes culturels, et apparentés à leurs cadres nationaux. L’appartenance à une aire géographique commune ( Tamagha), à un même passé ne signifie pas unité culturelle, juridique ou institutionnelle. Ils obéissent aux règles de leurs pays d’origine. Aussitôt arrivés dans le pays de la diaspora, un processus d’identification se met en place. Ils se replongent dans l’atmosphère et l’esprit du pays, pour le faire perdurer.
Dans ce sens, on peut dire qu’ils sont marqués par un regain de mimétisme, avec l’assimilation des modes de pensée et modèles de leurs Etats nationaux, la reproduction d’un héritage à caractère national. Se met en place une ambivalence. La perceptin de cette réalité, d’une part, comme une évidence, et une fatalité , difficile de gommer et de l’autre comme un danger majeur et dénoncé comme une intrusion destructrice ( Tamazgha)
Comment expliquer cela. Mes interprétations
L’examen du développement historique du fait amazigh , met en évidence des processus complexes et hétérogènes. Les amazighs se constituent et s’organisent différemment : soit en étant plus ou moins intégré dans le schéma national, ou en suivant des processus politiques saouverainistes soit en s’inscrivant dans un internationalisme, universalisme cosmopolitisme berbère sans tenir compte des frontières postcoloniales.
Le monde berbère est un monde polarisé, dispersé, les uns sont à l’écart des autres, même s’il y a des ponts qui sont construits périodiquement, des liaisons, des efforts accomplis pour le rapprochement , des relations d’échange, quelques interactions , le partage de quelques valeurs de « timmuzgha », mais il faut admettre que cela reste l’affaire de quelques individus, ou de quelques organisations rapportés à l’ensemble de plus de 3 millions de berbères.
Par ailleurs, les amazighs/ berbères se structurent à part, se construisent un entre soi dans un entre soi, à l’écart même de la société d’accueil. Certains grands événements, ponctuels, favorisent le regroupement de solidarités. Asegwas amaynu chaque communauté berbère, le fête entre soi, ( Il y a tjrs des exceptions ) de même, ils se retrouvent sur quelques secteurs du terrain militant : des manifestations culturelles (concerts de musique, conférence, expositions, etc…) qui servent de lieux de retrouvailles.
cette réalité est due à des facteurs :
Le déclin, ou le rôle amoindri des ONG et autres mécanismes et instruments juridiques internationaux ayant pour objectif de porter les causes amazighs sur la scène internationale
De plus en plus les amazighs/ berberes développent des structures et des choix politiques propres. l’idéologie et la pratique politiques montrent qu’il n‘y a pas de volonté collective. Il s’avère qu’ils n’ont pas les mêmes perceptions, les mêmes priorités. Le scepticisme est plus répandu sur l’effectivité d’une Tamazgha politique, institutionnelle,…
il y a le manque d’élaboration théorique. Tamazgha en tant qu’entité-Espace politique et culturel unitaire, celle-ci demeure une construction abstraite
Points de convergence
Malgré cela le drapeau amazigh demeure plus répandu , il y a un panaazmighisme culturel, mémoriel, il exalte les valeurs , la construction d’une dialectique entre les berbères , œuvrent sans relâche pour l’approfondissement et la consolidation des liens et le maintien de l’unité face aux difficultés et vicissitudes de l’Histoire.
Par R.Oufkir